Les maisons d’édition originales : Lettre Zola est la troisième trouvaille des Passagers des mots. Après Astegore et Avallon, Lettre Zola, une maison d’édition récente, se démarque par sa distribution. En effet, les lecteurs pourront savourer les textes de jeunes auteurs primés et attentivement sélectionnés, uniquement par abonnement. Une enveloppe arrivera dans votre boîte aux lettres, chaque mois, selon la formule choisie, et vous livrera un récit de 50 pages. La maison se démarque également par sa création : c’est un collectif de jeunes auteurs déjà dans le bain éditorial qui a donné naissance à cette formule littéraire originale. Prêt à en apprendre plus sur Lettre Zola ? Louis Vendel, un des créateurs, a gentiment répondu à mes questions ! C’est parti !
Carte d’identité :
- Nom de la maison : Lettre Zola
- Date de création : Février 2024
- Nom de l’éditeur : Louis Vendel
- Qui travaille à cette revue : une trentaine d’auteurs, de 25 à 45 ans, des quatre coins de la France.
- Comment sont distribués les livres : Routage/voie postale.
Pourquoi ce nom, Lettre Zola ?
Zola est l’un des premiers écrivains à avoir écrit dans les journaux. Il est une forme de symbole de cette hybridation entre réel et fiction, entre journalisme et littérature. Son engagement social et sa place dans le patrimoine français donnent aussi une bonne idée de ce que nous sommes : un média qui raconte la société française.
Qui êtes-vous, en quelques mots (allez, quelques phrases) ? Quel type d’animal êtes-vous ?
Je m’appelle Louis, j’ai vingt-neuf ans, j’ai publié mon premier roman, Solal ou la chute des corps, au Seuil en janvier 2024. Il s’agit de l’histoire vraie d’un ami bipolaire qui fait le tour du monde à pied. Ce livre est profondément lié à tous mes projets professionnels, car j’ai fondé plusieurs médias littéraires dont l’objet est de raconter le réel. Lettre Zola en fait partie. Je me rends compte que je suis peut-être une sorte de pigeon voyageur.
Vous êtes deux à avoir créé Lettre Zola. Qui est la deuxième personne ?
Manor Askenazi est mon meilleur ami depuis l’âge de quatre ans. Nous sommes associés depuis huit ans dans nos divers projets d’édition. Il a fait des études de bande dessinée et de narration à l’École de recherche graphique de Bruxelles.
Quelles sont les caractéristiques de votre maison d’édition ? Pourquoi va-t-on l’aimer ?
Lettre Zola est une maison d’édition par abonnement, un mensuel papier par voie postale : chaque mois, nos abonnés trouvent dans leur boîte aux lettres un joli livre-enveloppe ; une enveloppe qui se déplie pour former un petit livre. Il fait environ cinquante pages et contient une histoire sur la société française, originale, inédite, écrite par un jeune auteur incontournable.
Quel est le cheminement qui vous a amené à ce genre d’édition ?
Le journalisme littéraire est devenu au fil du temps une sorte de passion pour moi comme pour mon ami d’enfance avec qui j’ai créé tous mes projets d’édition. Au fur et à mesure, nous avons essayé d’inverser le rapport : ne plus faire du journalisme avec un caractère littéraire, mais donner la primauté à l’écriture, faire de la littérature pour dire le réel.
Quel est le retour actuel du public ? Est-ce conforme à vos attentes ? Ou avez-vous été surpris ?
Le retour critique du public est plus enthousiasmant que nos plus ambitieuses projections ! Nous sommes passés sur Quotidien, France Inter, dans Gala, Lire Magazine… nous avons plus d’abonnés que ceux à quoi nous nous attendions, et les auteurs sont en général très heureux de rejoindre notre aventure !
Quels sont les types d’auteurs que vous recherchez ? Et qu’est-ce que les auteurs cherchent dans votre maison d’édition (ou qu’est-ce qu’ils trouvent) ?
Nous recherchons de jeunes auteurs pour offrir une forme de fraîcheur dans le regard que nos textes posent sur le monde. Nous les choisissons en fonction de leur écriture et de l’originalité des sujets qu’ils proposent. Je crois qu’ils trouvent chez nous un espace assez unique, pour écrire au long (50 000 signes) et de manière littéraire sur les questions de notre temps.
Dans le choix des auteurs, certains ont déjà eu un beau succès, comme Blandine Rinkel ou Mathieu Palain. Est-ce vous qui les avez contactés ? Si oui, comment est-ce que ces auteurs ont accueilli le projet ?
Nous connaissons certains de ces auteurs depuis plusieurs années. Nous avons contacté tous les écrivains et l’originalité de notre format (la longueur intermédiaire, entre le grand reportage et le livre, le design, et la ligne éditoriale) les a séduits.
Comment se fait la sélection, en général : acceptez-vous des auteurs inconnus ? Est-ce vous qui les recherchez ? (Si un jeune — ou pas — auteur veut vous faire une proposition, comment fait-il ?)
En général, nous prenons nous-mêmes contact avec les auteurs, car nous avons une idée assez précise de ce que nous attendons comme plume et comme regard.
Existe-t-il un auteur que vous aimeriez avoir dans votre maison d’édition ?
Beaucoup, oui ! Et nous y travaillons.
Votre collection est centrée sur des faits d’actualité. Seriez-vous ouvert, dans l’avenir, à tout type de littérature ? Science-fiction, fantastique, policier, voire poésie… ou jeunesse ?
Oui, pourquoi pas !
Quelle est votre réflexion sur le monde de l’édition actuel ?
Trop de livres en librairie, pas assez de place pour tous les défendre, hélas.
Quel serait votre idéal (dans le secteur de la littérature) ?
Un peu moins de livres et un temps de vie plus long donné à chaque livre.
Est-ce parce qu’il y a trop de livres en librairie que vous avez décidé de développer cette idée d’abonnement ?
Les éditeurs ont répondu à une baisse de la demande par une augmentation de l’offre. Les auteurs ont donc un temps de vie moins important en librairie et sont de moins en moins bien défendus. Je ne sais pas si l’on peut considérer que nous avons créé ce projet dans le but de répondre à ces défis, mais c’est une proposition pour donner ou redonner goût à la lecture.
Comment avez-vous fait connaître votre maison d’édition ? Ce n’est pas évident d’être visible, dans ce secteur.
Nous communiquons beaucoup sur Instagram et avons eu la chance d’avoir de belles retombées presse : Quotidien, France inter, Transfuge, Lire magazine…
Si vous deviez donner une couleur à votre maison d’édition, quelle serait-elle, et pourquoi ?
Bleu. Comme le Chien bleu (de Nadja, L’école des loisirs). Le premier livre que je me souviens avoir tenu en main.
Pour conclure
Une maison d’édition originale : Lettre Zola fait déjà parler d’elle, et ce type de publication paraît évident, dans notre société où les abonnements se développent. Je n’ai pas encore eu l’occasion de lire une de ces “lettres”, mais c’est une idée de cadeau que je vais retenir. C’est un bel objet qui arrive chaque mois dans notre boîte. Le journalisme et la littérature sont depuis longtemps liés, il est intéressant de voir que cela perdure. Je suis une grande fan des romans de Zola, je suis curieuse de decouvrir sa descendance littéraire.