Corriger son roman : ateliers d’écriture

Je poursuis avec la relecture de vos œuvres enfin achevées ! Corriger son roman : ateliers d’écriture, cette fois, dans ce deuxième article, nous allons anticiper. En effet, il est préférable de prévenir que guérir. En cela, les ateliers d’écriture sont d’une grande aide. Voici quelques exercices pour travailler de bonnes habitudes, apprendre à mieux détecter les failles et créer des réflexes d’autocorrection. Vous me suivez, les passagers ?

A la loupe/Corriger son roman : ateliers d'écriture.
Clker-Free-Vector-Images Pixabay. Corriger son roman : ateliers d’écriture.

Les verbes faibles

Pour commencer, les verbes faibles sont : être, avoir, faire, dire… des mots que l’on manie couramment, qui ont leur légitimité, mais qui peuvent généralement être remplacés par des verbes pleins, plus précis, plus forts, ou une tournure de phrase plus percutante, parfois même plus simple et directe.

Les remplacer

Le dictionnaire des synonymes peut voler à votre rescousse. Chercher un verbe plus précis est le propre de l’écrivain, notamment pour ces quelques-uns que l’on emploie bien trop souvent.

  • Avoir (sauf l’auxiliaire) : posséder, obtenir, présenter, contenir, disposer, détenir, bénéficier de, offrir, conférer…
  • Être (sauf l’auxiliaire) : demeurer, rester, paraître, sembler, s’avérer, devenir, constituer, présenter, résider, appartenir à, se distinguer par…
  • Dire : s’écrier, annoncer, lancer, murmurer, prononcer, oser, chuchoter, proposer, affirmer, s’exclamer…
  • Aller : se rendre, conduire, marcher, courir, voyager, rejoindre, traverser…
  • Faire : fabriquer, cuisiner, réaliser, élaborer, créer…

Mais avec ce verbe on peut choisir de changer la phrase pour plus d’impact.

Exemple : on peut remplacer « il fait peur aux gens » par « il effraie les gens »

Changer la phrase.

Effectivement, il est dans certains cas plus opportun de modifier la tournure. Cela apporte de la singularité, de la précision, voire de la poésie.

  • – Soit on garde notre verbe faible parce qu’il a totalement sa place ;
  • – Soit on le garde, mais on l’enrichit par la phrase qui l’entoure ;
  • – Soit on le remplace par un synonyme ;
  • – Ou l’on tente une meilleure tournure, d’autres mots, d’autres images, on tâche de faire comprendre par la description de la scène, on cible le sens en donnant à un verbe plein plus d’impact et de valeur.

Ce sera toujours intéressant. J’avais déjà proposé des ateliers d’écriture dans ce style pour pousser les auteurs à dire autrement des actions de tous les jours, comme manger ou boire.

Exemple : il est heureux. Il devient heureux. Le bonheur s’insinue dans son cœur. Il est heureux comme une fleur au printemps. Il est épanoui. Un sourire éclaire sa face. Soudain, son visage s’illumine, son corps se réveille. Il sourit. La joie se lit sur son visage. Il étire les lèvres, ses yeux brillent.

Atelier

Voici un texte. Repérer les verbes faibles. Je vous suggère de le transformer à votre guise, en utilisant des verbes de substitution ou encore de modifier totalement certaines phrases, en simplifiant ou en changeant la structure. Essayer de laisser le moins de verbes faibles que vous pouvez. Allez, rendez-moi ce texte le plus beau possible ! (autant de temps et de fois que vous le souhaitez)

Sandra fait la cuisine. Les odeurs envahissent la pièce. Celle-ci est en désordre, mais la jeune femme n’a pas le temps de ranger pour l’instant. Elle est en retard, pressée.

– Aide-moi, dit-elle à l’enfant assis à côté d’elle. Mets la table, au lieu de ne rien faire.

– Je suis occupé.

Elle n’est pas contente, il se moque d’elle, du moins en a-t-elle l’impression. Curieuse, Sandra a essayé une nouvelle recette, mais elle n’était pas facile et l’a mise en difficulté. Elle a un tablier trop petit, elle a été tachée par des projections de sauce. Elle va de la table à la cuisinière, contourne l’enfant qui joue au milieu.

– Pousse-toi, dit-elle encore. Tu es pénible.

Ateliers d'écriture pour corriger son roman.
Clker-Free-Vector-Images Pixabay Corriger son roman : ateliers d’écriture.

Les répétitions

Lorsque l’on se corrige, on va devoir faire/prêter attention à tous ces mots que l’on reprend en quelques phrases (assez proches les unes des autres). Pour mieux entendre ces répétitions, rien ne vaut la lecture à voix haute.

Je vous suggère même de vous enregistrer et d’écouter comme si c’était un livre audio étranger. Le correcteur Antidote fait/réalise très bien ce travail, mais si vous ne le possédez pas, il va falloir/vous devrez mettre en place des stratégies de dépistage.

Une fois détectées, vous devez trouver comment remplacer certaines des répétitions. Les propositions de la partie sur les verbes faibles fonctionnent également pour les redondances, mais votre plus grande force sera d’enrichir votre vocabulaire. Et pour cela, on lit, on écrit, on cherche, on pratique, on écoute.

Une fois votre répétition repérée, vous pouvez sélectionner votre mot et faire un clic droit pour voir les synonymes, mais généralement les choix des logiciels de traitement de texte sont limités. Vous pouvez consulter un dictionnaire en ligne tel que Synonymo ou Synonymes, ou Larousse… Cela vous permettra d’agrémenter votre vocabulaire et de prendre de nouveaux réflexes. Un dictionnaire papier est également un très bon outil que vous pouvez potasser de temps en temps le soir avant de vous endormir.

Notez au gré de vos lectures des mots qui vous paraissent intéressants et riches, mais que vous n’avez pas l’habitude de manipuler. Assurez-vous du sens précis de ces mots. Les vrais synonymes sont rares, ils se distinguent par des nuances, des intensités différentes, sinon ils n’existeraient pas.

Certains mots sont faciles à changer.

Par exemple :

  • Souvent : généralement, d’ordinaire, fréquemment, beaucoup, constamment, habituellement, toujours…
  • Aussi : également, de même, en plus, pareillement, en outre, encore, autant, en conséquence, et…
  • D’autres me posent encore des problèmes :
  • porte
  • La jeune femme/le jeune homme, ou la femme/l’homme.
  • Vie : existence
  • Monde : univers.

Ateliers

Sandra aime les tomates. Les herbes aussi. Aussi, a-t-elle cherché une recette où elle pouvait mettre les deux qu’elle avait dans le frigo. Des oignons aussi, comme toujours dans les bonnes recettes. La vie sans oignon est une vie ordinaire et fade. La jeune femme a un plat chaud dans les mains et crie pour faire dégager le passage. Elle pose vite le plat sur la table et souffle sur ses mains. Ses mains sont rouges.

L’enfant lève enfin la tête pour regarder ce qu’il se prépare. Ça sent bon. Il voit le plat chaud sur la table alors que Sandra va sortir les pommes de terre du four. L’enfant tend la main. Il voudrait goûter cette bonne odeur. Les tomates cuites sont meilleures, à son avis. Aussi, son estomac se met à gronder. Il regarde sa mère, occupée avec les pommes de terre, et approche son nez du plat brûlant.

On est bien d’accord, c’est très mauvais. Allez, on va traquer les répétitions, les mauvaises phrases, et tirer cette pauvre Sandra de la mauvaise littérature. Elle a bien besoin de notre attention, de notre finesse, pour rendre hommage à ses bonnes intentions culinaires. C’est à vous ! On change les répétitions, les phrases, on donne du sens et du relief à ce pauvre texte !

Atelier d'écriture pour éviter les répétitions dans son roman.
Image par Suxu de Pixabay Varier pour éviter les répétitions

Des phrases mornes.

Dans le même esprit, on peut pourchasser la monotonie des phrases. Je l’ai constaté chez les écrivains en herbe, le sujet-verbe-complément offre une route plate et insipide. Là encore, on met du relief. Par exemple pour une description. On présente les éléments utiles, on n’est pas obligé d’assommer le lecteurs de détails, on les associe aux actions des personnes, on évite l’énumération, on change les sujets, on ondule dans la narration.

Exemple d’un texte à modifier :

Dans la cuisine de Sandra, il y a une table en bois, des chaises bleues, un vaisselier trop vieux, et un carrelage rouge. On trouve aussi un four encastré sous la plaque de cuisson et un frigo gris. Sandra doit faire le tour de la table pour décrocher du mur un couteau rangé sur une barre aimantée.

Énumérer les objets comme les actions n’est pas toujours littéraire, sauf si l’effet est recherché, et surtout cela coupe l’intrigue. La narration doit couler, enrouler le lecteur. Celui-ci doit oublier qu’il lit. Il est dans le texte, dans la cuisine avec Sandra, il participe à sa vie. Les éléments apparaissent par touche, sans que l’on ait l’impression d’une parenthèse. L’auteur anime la scène par le déroulé des phrases. J’appelle cela fondre le texte, le forger, lui offrir une forme, une singularité et une fluidité. Cela se travaille. Comme pour un joueur de tennis novice qui découpe bien ses mouvements, l’entraînement donnera aux gestes de la puissance et de la beauté.

Sandra contourne la table pour attraper le couteau suspendu sur la barre aimantée. Quelques éléments en métal modernisent le mobilier en bois qui plonge la cuisine dans une ambiance surannée. Table et vaisselier sont l’héritage des grands-parents, et les rides du chêne racontent ce lien, cette origine. Sandra se dépêche de finaliser sa préparation, le minuteur du four encastré indique que la cuisson est terminée. La jeune femme ouvre le frigo pour en sortir une dernière tomate, craignant de ne pas en avoir découpées assez.

Sur la chaise dont le bleu tranche avec le rouge du carrelage, son fils se tortille. Elle réalise soudain qu’il tend sa main vers le plat brûlant.

Atelier

C’est à vous, mes chers passagers ! Transformez-moi la cuisine de Sandra. Tout en faisant évoluer le personnage, donnez vie à sa pièce.

ArtsyBee Atelier d’écriture : transformez la cuisine de Sandra.

Grammaire et conjugaison

A chacun ses faiblesses. Il existe une multitude de règles que nous ne pourrons pas énumérer ici. C’est à vous de prendre conscience de ce qui vous pose problème afin de mieux le gérer. Pour les fautes d’orthographe, c’est en écrivant qu’on apprend. En recopiant, parfois, en apprenant si vraiment ça ne veut pas rentrer dans notre petit cerveau récalcitrant !

Toutefois, les erreurs les plus courantes sont  :

La terminaison “é” ou “er”. Les verbes du premier groupe offrent cette homophonie trompeuse.

J’ai mangé les tomates ou j’ai manger les tomates. Avec le verbe vendre, le souci disparaît.

J’ai vendu les tomates. Donc j’ai mangé les tomates. Et non pas j’ai vendre/manger les tomates.

Il est allé manger les tomates. Il est allé vendre les tomates. Et non pas il est allé vendu les tomates. Vous devez apprendre à distinguer l’indicatif (dont la terminaison est en er), un verbe à l’indicatif d’un autre groupe peut nous aider à s’assurer de la terminaison.

Il reste le problème des accords, comme elle s’est envolée, elles se sont distinguées… Je ne vais pas reprendre ici toutes les règles, d’autres sites le font bien mieux que moi.

Voici un lien pour s’entraîner.

Chez les plus jeunes, le passé simple est aussi une vraie difficulté. Alors, laissez tomber et écrivez au présent, c’est plus moderne et plus facile. Le passé simple est compliqué, c’est un temps qu’il vaut mieux garder quand on maîtrise bien la langue et toutes ses difficultés.

Corriger orthographe et grammaire dans son roman.
Clker-Free-Vector-Images Pixabay Corriger orthographe et grammaire

Conclusion

Corriger son roman après ces quelques ateliers deviendra plus facile. En effet, ils entraînent à une écriture plus littéraire, plus riche, plus variée. Et c’est ce qu’on veut, sur le blog Les passagers des mots, que vous progressiez dans votre expérience d’écrivain !

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