8 romans jeunesse au filon inspirant

Parfois, il suffit de trouver le bon filon, la bonne idée, pour rédiger une série à succès. Voici 8 romans jeunesse ou jeunes adultes au filon inspirant. De quoi en faire des séries à rallonge. La littérature fantastique, ou les romans de l’imaginaire, permettent d’inventer, de sortir des frontières, et s’avèrent donc une sacrée source pour notre imagination en quête de concepts originaux. J.K. Rowling comme J.R.R.Tolkien sont allés chercher dans le folklore populaire, dans ce monde intemporel des fées, nains et dragons. Christelle Dabos a plutôt fouillé du côté des dieux, et des mondes extraordinaires remplis d’hommes possédant divers pouvoirs. On y trouve un peu de steampunk, autre source d’influence aux normes bien établies.

Voici des romans dans tous les genres, mais plutôt pour jeunes adultes. J’aurais aimé découvrir ces idées : elles permettent à l’auteur de décliner son concept, de s’appuyer sur une trame que l’on peut déployer à l’infini ou presque. Je vais expliquer ici en quoi ces romans sont porteurs et s’avèrent être des « romans filons ». Une idée à rebond ? Des déclinaisons à l’infini ? C’est parti.

Trouver le bon filon pour écrire une série.
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Everworld, De K.A. Applegate. Le filon de  la mythologie.
Everworld, De K.A. Applegate

EverWorld, tome 1 : À la recherche de Senna et autres tomes

Katherine K.A. Applegate. Gallimard jeunesse, 2002.

4 adolescents se retrouvent dans un autre monde, en cherchant Serena, jeune fille étrange, et doivent affronter divers héros et divinités mythologiques : vikings, grecs, japonais… Ainsi que l’effroyable Ka Anor, le dévoreur de dieux, une créature extraterrestre. L’auteur a puisé dans les différents mythes de plusieurs pays, récits qui s’avèrent être une source abondante.

On y identifie également les héros de légendes arthuriennes. Autrement dit, ce filon est cultivable à souhait pour tout romancier avec l’inspiration moyennement innovante. Je ne dis pas qu’il ne faut pas inventer une histoire, au contraire l’auteure a ici fabuleusement exploité la source et su produire une intrigue sur 5 tomes qui tient le lecteur de bout en bout.

Le point de vue de chaque adolescent à chaque tome est aussi un plus. Les héros apportent une énergie et une sensibilité différentes. On aime changer de peau, se sentir l’un ou l’autre.

Humour, aventure, amour, amitié et exploration d’un univers hybride… Cette série a vraiment de quoi intéresser le jeune lecteur et le moins jeune.

→ Le filon : les différentes mythologies.

La guerre des Clans

La guerre des clans de Erin Hunter. le filon des animaux.
La guerre des clans de Erin Hunter

Erin Hunter. Pocket jeunesse, 2005.

(pseudonyme de Kate CaryCherith Baldry et Victoria Holmes, rejointes ensuite par Tui Sutherland puis par Gillian Philip et enfin par Inbali Iserles. [depuis 2003 pour la version anglaise].

C’est la seule série dans cette liste que je n’ai pas lue. C’est peut-être son point faible, un public adulte n’a pas forcément envie de s’y plonger. Le public cible doit avoir moins de 13 ans.

Malgré tout, je pense que certains éléments ont permis aux auteures de faire fonctionner la saga :

– Déjà, le fait d’être plusieurs, de fusionner les idées, telles des scénaristes qui travaillent sur les séries télévisées ;

– L’apprentissage de la vie sauvage par un chat domestique qui donne lieu à un changement de repères, d’aventure, d’actions, de dépassement de soi. C’est aussi ce qui plaît dans les récits de fin du monde ;

– Un nombre incalculable de clans [Clan du Tonnerre, Clan de La rivière, Clan de L’Ombre…] On trouve même le Clan du ciel pour les chats défunts. Cette diversité ménage des intrigues possibles, des univers à croiser, des personnages à faire intervenir avec leur singularité. Je ferai presque un parallèle avec le film Avatar ;

– D’ailleurs, on lira au fur et à mesure de la série, par cycle, le point de vue de différents héros, ce qui donne toujours une nouvelle énergie à la progression d’une histoire ;

– Le concept a été décliné pour d’autres animaux en plusieurs cycles également : La quête des ours [l’aventure de trois oursons], Survivants [avec des chiens qui se retrouvent seuls sur terre, sans les hommes] et Bravelands (un lionceau, une éléphante et un babouin doivent rétablir l’équilibre dans la savane.

→ Le filon : les animaux.

Le Manoir  tome 1 à 6

Evelyne Brisou-Pellen. Gallimard jeunesse, 2013

Le Manoir d'Evelyne Brisou-Pellen. Le filon des esprits.
Le Manoir d’Evelyne Brisou-Pellen

Évelyne Brisou-Pellen est une auteure inspirée. Elle a écrit de nombreux romans pour la jeunesse. Avec Le Manoir, elle s’est laissé la possibilité d’écrire un très grand nombre de tomes. La saison 1 en comporte 6, mais elle est suivie par une saison 2.

C’est l’histoire de Liam, un adolescent malade du cancer qui arrive dans un manoir pour sa convalescence. Les résidents lui paraissent étranges, voire fous. Il sera surtout question de fantômes. Je ne veux pas gâcher le suspense, mais qu’est-ce qui fonctionne dans cette série ?

– On évolue dans du fantastique, on peut donc se permettre beaucoup de choses. Le monde des esprits est une bonne idée à exploiter, puisqu’il n’existe pas de vérités sur ce sujet ;

– On évolue également dans le domaine de l’historique. Effectivement, Liam va devoir aider des morts à partir pour l’au-delà. Pour cela, il doit défaire le nœud qui les retient. Par chance, il est le seul à accéder à la carte d’éternité. Celle-ci lui permet de disparaître dans le passé pour comprendre ce qui a tué les revenants. Or, les événements historiques proposent une grande source d’inspiration. Les personnages viennent d’époques différentes, ont vécu des événements restés dans l’histoire. On apprend beaucoup ;

– Le croisement d’intrigues. Bien sûr, on va essayer de dénouer le passé d’un personnage en particulier à chaque tome. En parallèle, il arrive des épisodes terribles dans le manoir que les résidents doivent affronter. Et Liam doit également comprendre ce qu’il en est de lui.

→ Le filon : les esprits et l’Histoire.

Phobos, Victor Dixen. le filon de la conquête spatiale et de la téléréalité.
Phobos, Victor Dixen

Phobos tome 1 à 4

Victor Dixen Robert Laffont (R), 2015

Un groupe de jeunes âgés de 16 à 20 ans est sélectionné pour partir en mission sur mars, afin d’y devenir les premiers colonisateurs. Ce périple filmé fait l’objet d’une émission de téléréalité, transmise au monde entier. On y associe sciences, technologie et amour. En effet, les organisateurs ont recruté un nombre égal de garçons et de filles, 12 au total, et chacun devra chercher sa moitié. Mais la vérité est bien plus cruelle que chacun ne le pense.

Pourquoi est-ce porteur ?

– Parce que le voyage sur mars, tout en faisant partie d’une actualité, demeure à inventer ;

– Chaque jeune porte son histoire. On peut donc multiplier les intrigues, s’intéresser à chacun. Nous sommes curieux de savoir ce qui les amenés là ;

– Le changement de points de vue, entre Léonor en route pour Mars, l’œil de la caméra, Andrew resté au sol… et cela prodigue une dimension plus importante à notre approche de la fiction. Cela maintient également un bon rythme et les cliffhanger sont nombreux ;

– On a une méchante à souhait, Serena. Son personnage ambitieux donne un plus au roman.

→ Le filon : la conquête spatiale, la téléréalité, l’amour et le vécu des personnages.

U4, une série à 4 mains. Le filon de la fin du monde.
U4, une série à quatre mains

U4 -5 tomes

Yves Grevet, Florence Hinckel, Carol Trebor, Vincent Villeminot. Nathan / Syros, 2015.

Dans cette dystopie, 90 % de la population a été décimée, il ne reste que des adolescents. 4 d’entre eux entendent un appel, alors qu’ils essaient de survivre dans des villes différentes. Chacun va partir vers Paris où, peut-être, les choses pourront être résolues.

Dans chaque tome, on aborde le point de vue d’un héros. On le voit affronter les dangers, rencontrer les 3 autres, et tenter d’espérer encore.

C’est une bonne idée de donner la voix à différents personnages au travers des tomes pour raconter la même intrigue principale (mais colorée par une intrigue propre à chaque héros). Par contre, cela ne peut pas se faire à grande échelle. Quatre fois la même histoire, c’est déjà beaucoup. D’ailleurs, le recueil de nouvelles Contagions, paru en 2016, a rencontré plus de critiques.

On peut lire les romans dans l’ordre que l’on veut.

→ Le filon : la fin du monde et les différents points de vue des personnages.

Sauveur & fils, Marie-Aude Murail. Un roman jeunesse qui surfe sur le filon de la psychologie.
Sauveur & fils, Marie-Aude Murail.

Sauveur & fils,

Marie-Aude Murail. L’école des loisirs, 2016

6 tomes pour cette série de Marie-Aude Murail, auteure prolixe.

Sauveur Saint-Yves est psychologue et accueille à son cabinet, chez lui, des enfants et des adolescents. Chacun est surpris au premier abord par l’imposante stature du bonhomme et sa couleur de peau très noire. Lazare, son fils, a tendance à écouter les consultations aux portes et ne perçoit les choses qu’à sa taille d’enfant. Qu’est-ce qui fonctionne ?

– Un psychologue rencontre des patients tout au long de sa carrière. Ici, il peut en recevoir sur plusieurs tomes, les histoires seront toujours différentes, passionnantes, émouvantes. Cette série fait un peu penser à En thérapie, une série à succès diffusée par Arte. Le filon est tout trouvé. Il reste cependant à connaître le fonctionnement d’une consultation et des notions de psychologie pour l’auteur ;

– Une trame secondaire, mais qui se prolonge sur tous les tomes, au contraire des intrigues principales avec les patients sur chaque volume. La maman de Lazare est morte et quelqu’un rôde autour du père et du fils. Un mystère plane sur cette famille. Notre curiosité est donc souvent titillée.

→ Le filon : les séances chez un psychologue.

La faucheuse, de Neal Shusterman. Roman jeunesse qui se sert du filon de la mort et du transhumanisme.
La faucheuse, de Neal Shusterman

La faucheuse, tome 1 à 3

Neal Shusterman. Robert Laffont (R), 2017

Ce roman est une utopie, ce qui est assez rare, contrairement aux dystopies. Dans ce monde, toutes les misères ont été éradiquées grâce au Thunderhead, l’intelligence artificielle qui le gouverne. La mort n’est plus possible, sauf par Les Faucheurs, une communauté qui procède au glanage afin d’éviter la surpopulation. Cintra et Rowan vont être pris en apprentissage par Maître Faraday. Ils vont découvrir que le Nouvel Ordre met en danger l’équilibre de la communauté, mais aussi de la société.

Le filon ne semble pas inépuisable, mais pourquoi ça marche ?

– En phase avec l’actualité, le roman traite d’un avenir envisageable où le trépas serait conquis. Il questionne alors notre rapport au monde, au corps, nos valeurs, le sens de la vie. Et sans doute le devenir de l’homme immortel ;

– La notion d’un Dieu, ici l’intelligence artificielle, est toujours source d’intérêt. On ne peut s’empêcher de faire des relations avec les croyances, la religion, et ce qui est à l’origine de notre existence.

– La communauté des faucheurs offre différentes manières de glaner (exécuter sans résurrection). Chaque manière de faire interroge notre moral, par le choix de qui l’on tue, comment on le tue ;

– Encore une fois, l’alternance des points de vue, des récits, est un plus. Par exemple, dans le premier tome, le récit est entrecoupé d’extraits des journaux rédigés par les faucheurs. On obtient des informations sans se lasser. Dans le deuxième tome, ce sont les pensées du Thunderhead qui alternent avec le récit. On passe aussi d’un personnage à l’autre, certains s’étant rajoutés au fur et à mesure de l’histoire. Grand prix de l’imaginaire 2020.

→ Le filon : la mort. Le transhumanisme.

Colorem, Maxime Maclow. Une série sur le filon de la couleur et de la magie.
Colorem, Maxime Maclow.

Colorem. 1, La naissance du noir.

Maxime Maclow, autoédition, 2020

Dans ce roman qui se situe dans un univers fantasy et magique, la plupart des gens naissent avec un pouce coloré. Cela détermine des pouvoirs magiques, en lien avec cette teinte. Certains ne sont porteurs d’aucune couleur, les Ternes. Un enfant, Ebène, naît avec le pouce noir, perturbant l’équilibre que les blancs qui ont autorité souhaitent maintenir.

L’idée de la magie en lien avec les couleurs offre de développer l’univers des personnages et leurs possibilités. Il existe beaucoup de nuances de couleurs, ce qui permet de pousser plus loin la création des pouvoirs. Cela demande de creuser l’intrigue dans ce sens, de provoquer la curiosité des lecteurs qui s’interrogent sur qui possède quel pouvoir, et en quoi cela va aider ou desservir Ebène.

Encore une fois, on ne suit pas le héros tout le temps. Nous partageons par moment les aventures d’autres personnages.

Il y a un bon rythme et un univers intéressant.

→ Le filon : la magie et les couleurs.

Conclusion

Voici donc des éléments de recettes qui marchent, que l’on peut utiliser pour nos romans. Mais l’idée originale, celle qui deviendra votre filon, vous permettra d’écrire plusieurs tomes, c’est à vous de la trouver !

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2 thoughts on “8 romans jeunesse au filon inspirant”

  1. J’adore les univers fantastiques personnellement. J’ai beaucoup aimé aussi la suite des Assassins Royal. Je ne sais pas si on peut les catégoriser dans les romans jeunesse par contre car c’est un peu sombre.
    En tous cas, ce genre d’univers reste très inspirant pour moi qui aime développer mon imaginaire dans plusieurs domaines.

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