Les passagers des mots Atelier d'écriture 3 ateliers d’écriture de février

3 ateliers d’écriture de février

Je vous propose 3 ateliers d’écriture, encore, en ce mois de février, pour les enfants, adolescents et adultes. Tout est source de création. Les fêtes, les événements, les traditions contribuent à rythmer nos vies, nos expériences, nos ressentis. Elles sont l’occasion de s’arrimer, de faire le point, pour mieux avancer. On peut donc en abuser pour puiser toute sorte d’idées. Prêts à écrire en s’inspirant de février ? C’est parti, mes passagers !

Ateliers d'écriture pour le mois de février.
Image par Enrique de Pixabay

Imbolc, le renouveau.

Imbolc, est une fête religieuse celtique irlandaise célébrée le 1er février. On fête la sortie de l’hiver, le renouveau, le rallongement des jours, la naissance des agneaux, la montée du lait. Le peuple honore la déesse Brigid qui est à la fois jeune fille vierge, femme et vieille femme. Chacun élabore des croix de Brigid en jonc, pour protéger les maisons qui sont nettoyées et rangées à cette période.

Chez les chrétiens, on fête la Chandeleur le 2 février (les crêpes sont faites avec du lait, et sont rondes comme le soleil).

Et pour les sorcières, c’est la date du Sabbat d’Imbolc. On peut s’ouvrir au monde et aux autres.

Bref, entre magie, rituels et traditions, Imbolc est le moment de se tourner vers la vie, la nature, la renaissance de soi et du monde.

Consigne 1 :

on va mélanger tout ça, en tirer un champ lexical lié à la renaissance, ou l’ouverture, à la magie pour créer un texte en lien avec Imbolc.

Encens, lait, eau, purification, sorcière, croix, jonc, femme, agneau, Celte, février, crêpe, feu, intention, graines, terre, monde.

En 15 minutes, écrire un texte reprenant tous ces mots.

Mon texte :

La femme a mis un pied hors du lit, et hors du nid l’oiseau a chanté. L’enfant s’est accroché aux jupes de sa mère parce qu’il avait faim, qu’il désirait du lait. Son berceau était devenu trop petit et lui, pensait-elle, était devenu trop grand. Plus personne ne voudrait le sacrifier, il avait trop de cheveux, trop de sabots, trop de vie. Alors elle a emporté l’enfant, le recouvrant d’une pelisse sans âge. Dehors, le soleil était gris, trop bas, inapte à briller. Le sol se gonflait d’humidité et février semait sous les arbres encore un peu de givre, l’eau ayant cédé au froid de la nuit. La femme n’avait aucune intention, sinon de voir le jour, de sonder l’humus, d’évaluer quelles graines elle pourrait mettre en pot, en terre. L’agneau allait naître dans la maison d’à côté. Il y aurait du lait, il y aurait des crêpes, il y aurait du monde.

À présent, elle savait. Avec son fils, elle alla cogner à la porte de San, cette voisine silencieuse. La vieille femme lui ouvrit, et sans un mot recula, l’invitant ainsi à entrer. La maison était vide, personne n’était venu attendre la naissance de l’animal. Un feu grignotait du bois, dans la cheminée, et des croix de jonc pendaient au plafond.

— On a faim, dit la femme, avec son accent qu’aucun Celte ne pourrait renier.

La vieille ne dit rien. Elle alluma un peu d’encens et sortit d’un torchon douteux une boule de pain, et du beurre. L’agneau n’était pas né. La brebis dans le coin de la pièce semblait assoupie.

— Si tu te montres, on va tuer ton enfant.

La jeune femme haussa les épaules. Non, personne ne le lui prendrait. Le jour était là, le soleil revêtait du jaune, de l’ardeur, de la hauteur et bientôt il avalerait le monde, la terre, dans une purification chaude et saisonnière. Jour d’Imbolc, jour de foi en du renouveau.

— Non, finit-elle par chuchoter. On ne le tuera pas, c’est moi qui tuerai les autres. Après tout, je suis sorcière et lui, c’est le fils du diable.

Le silence. Puis les deux femmes éclatèrent de rire. Finalement, ce qu’en disent les gens…

Florence Dalbes
Imbolc, premier atelier d'écriture de février.
Image par Brigitte Werner de Pixabay 

14 février, l’amour.

Les origines de cette fête sont difficiles à trouver. Certains parlent de provenance romaine, avec les Lupercales, où l’on célébrait la fertilité. Le pape Gélase 1er remplaça la réjouissance romaine par un hommage au martyr Saint-Valentin, mis à mort par un empereur romain (un 14 février). On peut aussi situer la naissance de cette fête au XIVe siècle, dans une Grande-Bretagne catholique, où l’on pensait que c’était le jour où les oiseaux s’appariaient. Le poète Geoffrey Chaucer est la première personne à associer la Saint-Valentin au romantisme dans son poème The Parlement of Foules  (Le parlement des oiseaux).

Aujourd’hui, en tout cas, c’est l’occasion pour les amoureux de commémorer leur amour. Et l’amour, est un vaste sujet qui traverse le temps, l’art, et beaucoup la littérature. On en parle beaucoup, c’est une source d’inspiration sans fin.

Consigne 2 :

À l’opposé de la consigne précédente, on va rédiger un poème ou un texte poétique sur l’amour. Vous puiserez dans un champ lexical en total décalage avec le thème. Écrire, c’est se décaler, je le répète souvent. Cela permet de sortir des sentiers battus, d’aller là où on n’irait pas, d’inventer de nouvelles formules.

Cheminée, brume, sabre, immense, gueule, chat, merveille, émeraude, glace, brève, chant, garage, cime, puant, évanescent, courge.

En 15 minutes, écrire un texte reprenant tous ces mots. Bon courage !

Mon texte :

Si tu savais comme je nous vois,
Tu es le chat, et moi la courge,
Tu es immense et beau à la fois,
je suis la cime, je suis le sabre.

Si tu savais, comment je t’aime
Toi la brume, l’évanescent,
Et moi, la gueule de bohème
Puant l’espoir et le tourment.

Ah, mais nous voilà tous deux
Enlacés dans la cheminée.
Vert émeraude, le cœur du feu,
Et nos mains sont glacées.

L’ombre est merveille
Et notre chant s’abrège
Car le temps y veille :
La joie doit être brève.

Ainsi l’amour est un garage
Où l’on patiente avec les années.
Mais nous ne craignons pas les cages,
Les chats sont indisciplinés.

Bien sûr, la courge finit en purée.

Florence Dalbes.

Bon, je n’ai pas écrit un poème d’amour très positif. Ce pourrait être un second exercice. Rédiger un texte plus léger avec les mots donnés. Que voulez-vous, je suis de nature pessimiste…

La Saint-Valentin, 2e atelier d'écriture de février.
Image par congerdesign de 

Mardi-gras, les masques tombent

Le mardi-gras ne tombe pas toujours en février. Sa date est fixée 47 jours avant Pâques. C’est une période de réjouissances avant le carême, moment difficile de privation au Moyen Âge. Les Saturnales, les Lupercales et les Bacchanales peuvent être à l’origine du mardi-gras (manger gras, avant de manger maigre) et du carnaval (de carne levarer » [enlever/ôter la chair]). On mange, on se déguise, on inverse les rôles. Depuis le 11siècle, c’est un défilé populaire qui continue aujourd’hui. En littérature, on peut lire le chapitre V de Notre-Dame de paris, de Victor Hugo, pour apprécier l’ampleur de l’événement.

Consigne : imaginez-vous à un carnaval, caché sous un déguisement. Vous circulez dans le défilé, à la recherche de quelqu’un. Mais vous ne reconnaissez personne, c’est comme si tous vos repères avaient disparu. Comment le vivez-vous ? Décrivez ce moment, cette tension, ces déguisements, cette partie de cache-cache où, peut-être, des masques peuvent tomber.

30 minutes.

Mon texte :

Les petits diamants sont faux, ils n’en brillent pas moins. Incrustés sur mon loup, ils donnent à mon regard comme un écho. Parée d’une pèlerine violette, je me sens drapeau, voile, libérée de mon identité éteinte. Je ris, et sous cape encore. Aujourd’hui, je suis jeune, je suis forte. La musique coule dans la rue, s’envole au-dessus des crânes colorés, dentelés, déformés. Elle martèle, crache sur nos cœurs, entre tambours et trompettes. Le défilé grossit et je te cherche, en me moquant d’avance, parce que tu ne vas pas me reconnaître. Qui saura qui je suis, derrière mon masque de paillettes et de plumes ? Qui pourrait penser que ce n’est qu’une femme ordinaire qui frôle les corps, qui s’amuse, qui partage la liesse populaire ? Je marche et la foule se presse, je marche et les gens m’oppressent. Ils crient, ils courent, s’embrassent, me tapent les fesses, parfois. Mais personne n’est responsable de rien. C’est aujourd’hui l’opportunité d’être sans limites.

Le tourbillon, plus que le défilé, m’avale. Où es-tu ? Est-ce toi, le gros homme dont le nez énorme bouscule les convenances ? Est-ce toi, l’arlequin qui se faufile entre les dames ? Non, il est mince, il est peut-être elle, il n’est rien. Ici, des plumes à foison, une ou deux personnes, on ne sait, dans la combinaison. Lui, je le reconnais, c’est le boucher. Chaque année, il se déguise de la même façon, en gros cochon qui rit. Mais les autres sont des comédiens, des fausses âmes, peut-être des aliens, des terroristes, des vaches ou des baleines. Comment savoir, comment ne pas trembler ? Parce que je tremble, quand je te cherche. Je t’ai égaré, et la marée ne te ramène pas. Je ne sais pas en quoi aujourd’hui tu t’es grimé.
C’est une évidence, je me perds. Le chatoiement, le vacarme, le mouvement, tout abrutit les sens, mon sens de l’existence. Suis-je la même, entre l’homme serpent et la diva sur échasses ? Et toi, mon ami, restes-tu aussi bienveillant que dans l’ordinaire qui nous soudoie ? Aujourd’hui, peut-être, sous le fard et les claquettes, tu voudrais me faire chuter, m’éliminer ? Aujourd’hui, tu saurais m’oublier alors que je te cherche, incapable de voir sous les tissus et les cartons-pâtes la personne que tu es. Plus personne n’est digne de confiance. Les masques ne sont pas tombés, pour l’instant, ils troublent l’ordre public.

Florence Dalbes
Mardi-gras, 3e atelier d'écriture de février.
Image par Aroo Khan de Pixabay 

Conclusion

Tout peut devenir source d’inspiration, d’idée, de création. Plus encore en cette période où le printemps approche, où l’on songe au renouveau, à l’ouverture à l’autre, à l’allègement des vêtements, de la famine [surtout au Moyen Âge]. Écrivez des textes en commentaire, j’adorerais vous lire ! Et pour d’autres ateliers, rendez-vous à la pages des ateliers en ligne ou sur facebook sur le compte les Passagers en écriture.

N'hésitez pas à partager si vous avez aimé un article.

2 thoughts on “3 ateliers d’écriture de février”

  1. Intéressant cette fête Imbold qui honore Brigid !
    Je n’aurait pas prit ses mots comme chant lexical pour la Saint-Valentin, plutôt des mots comme :
    amour, émotions, partage, célébration, éternité, cadeau, vie, …
    je trouve cet exercice très sympa !

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