Les personnages en 3 ateliers d’écriture pour adolescents

J’ai déjà proposé plusieurs articles sur les personnages (vous les retrouverez ici, ici et ici). Comme je l’ai précédemment écrit, c’est un élément important de la création littéraire. Tu l’auras remarqué, il existe une multitude d’exercices pour travailler sur nos héros, mais voici 3 consignes sur les personnages en atelier d’écriture pour adolescents. Bien sûr, rien n’empêche un enfant ou un adulte de s’y pencher. Cher passager, voici de quoi travailler sur quelques jours. Alors, tu es prêt ? Fais craquer les doigts, secoue le cerveau et le corps… A présent, lance-toi !

L’avatar : ton double en atelier d’écriture

Connaissais-tu le double de Beyoncé, Sasha Fiercé ? Afin de contrer le trac qui l’envahissait pour monter sur scène, une des premières fois de sa vie, elle s’est inventé un avatar, un double bénéfique. Visiblement, cela lui a réussi. À ton tour d’imager ce personnage, ton avatar bénéfique, un double décomplexé, dans un atelier d’écriture qui peut prendre une dizaine de minutes.
L’intérêt ? Trouver l’allié qui se cache en soi, faire ressortir ce que l’on a de meilleur, ou ce que l’on voudrait être. Tout en prenant un peu de distance. On fait également ressortir des peurs et des faiblesses, donc ce que l’on peut surmonter. Pour l’avatar, on peut utiliser deux formules : en le décrivant à la troisième personne du singulier, et en essayant également à la première personne du singulier.

Étape 1. Consigne : crée ce double de toi, cet avatar qui n’aurait peur de rien. Décris-le physiquement et moralement. Tout est permis !

Étape 2. Tu peux ensuite t’amuser à faire vivre des aventures à cet avatar, ou plus particulièrement en une situation ordinaire qui te stresse, mais que lui saurait affronter sans effort.

Tu peux aussi l’imaginer avec des pouvoirs particuliers. Enfants, adolescents ou adultes peuvent se montrer très créatif avec cet atelier.

Cette consigne peut être reprise avec l’idée de l’ami imaginaire. Ou du double maléfique pour une version moins positive. Il est possible encore de s’imaginer devenir un animal ou une plante. Ce qui nous amène à la consigne suivante.

La chaussure : l’empathie en atelier d’écriture

Une des particularités en écriture est de savoir se décaler. Se déplacer. De se mettre à la place de, de comprendre le monde et de le traduire par ce don de l’empathie.

Se mettre à la place de quelqu’un est assez facile, d’un animal… pourquoi pas ? Mais d’un objet ? C’est l’idée de cet atelier d’écriture pour adolescent.

L’intérêt ? Voilà un exercice amusant, qui est utilisé à la base d’ateliers philosophiques, si l’on décrit par exemple deux objets en train de discuter, en s’appuyant sur leurs particularités et leurs différences (exercice utilisé par Michel Tozzi lors de ses ateliers philosophiques).

Imagine que tu es une chaussure. Laquelle serais-tu, parmi tous les modèles qui existent ?

Étape 1. Fais ton choix. Quelle chaussure es-tu ? Décris-toi. 10 minutes (il y aura bien sûr toute une symbolique, des activités, un public, etc. lié à cette chaussure).

Étape 2. Tu vas rencontrer ton propriétaire, et avec lui, tu vas marcher. Comment ça se passe, pour toi, et entre toi et lui ? Quels autres souliers rencontres-tu ? 10 minutes.

Étape 3. Tu vas discuter avec une autre paire de chaussures. Tu vas devoir défendre ton point de vue, parce que cette paire a l’air de penser qu’elle est bien mieux que toi. 10 minutes.

Le jour de la marmotte : un personnage en boucle

Connais-tu ce film assez drôle, où le héros, plutôt antipathique, va être obligé de revivre sans cesse la même journée, jusqu’à s’améliorer ? Il est plus connu sous le titre Un jour sans fin (1993).
L’intérêt ? Voici une base d’écriture intéressante. On travaille un personnage qui a tout à prouver, qui doit progresser, qui a donc des défauts, des étapes à surmonter, son propre caractère à dépasser. Sans doute aussi un passé, des blessures, des désirs, des peurs… L’idée de cette journée à revivre en boucle n’est plus tellement originale, elle a déjà été exploitée, mais chacun peut le faire à sa manière. Au travers d’un exercice sur la boucle temporelle, on a le loisir de bien explorer son personnage, de le faire évoluer.

Étape 1. Trouve un personnage, avec des caractéristiques précises. Âge, sexe, activités, goûts, dégoûts, blessures, taille, poids, origine…

Étape 2. Nous voici la journée du 15 avril. Tu écris une lettre, ou tu racontes cette journée ordinaire de ta vie, ce que tu as fait le matin, à midi, jusqu’au soir, la météo du jour, les gens de ton entourage. Et un fait particulier. Ce jour-là, à 15 h 4, il s’est passé quelque chose d’exceptionnel. Assez pour être rapporté.

Dans l’idée, cet exercice peut être poursuivi sur plusieurs séances. Chacun peut le mener comme il le souhaite, d’une manière fantastique ou non. Personnellement, je m’arrange pour que chaque participant puisse orienter son histoire selon son genre de prédilection. Je ne vais pas décrire toutes les étapes afin que tu puisses les inventer.

Mon texte sur l’avatar

Rose Defelblanc ne cherche pas à faire de la grande littérature. Elle est plus douée pour gagner de l’argent. Quand elle écrit, elle sait. Elle sait ce qu’attend le public visé. Autrice à succès, elle invente des histoires de fée, pour les amateurs d’ésotérisme, des contes sensuels pour les amateurs d’érotisme. Elle sait écrire de la romance, également, des bons sentiments, du gluant, du parfum bon marché aux relents de sueur.

Rose a peint sur son visage un grand sourire, étiré comme une liane, d’un blanc cerné de bordeaux. Ses yeux gris ont une puissance hypnotique. Elle copie les sorcières et puise dans l’élégance propre aux femmes de pouvoir. Les magiques, presque maléfiques. D’une robe noire sophistiquée, d’un chapeau large, d’une fourrure discrète, d’épais talons, et la voilà parée pour affronter un public avide de mauvaises lectures, de fallacieuses assertions, d’un sens qu’elle sait coudre avec les mots et les perceptions. Elle danse avec le monde. D’un claquement de doigts, ou d’un mouvement de la main, elle dessine la vie, la vie rêvée.

Regardez-la, elle ondule entre les pauvres mortels, elle susurre à leurs oreilles des mensonges, peut-être aussi des vérités, mais qui peut le savoir ? Rose a compris depuis longtemps que nulle logique, nulle réalité ne forgent le monde. Ce sont les mots qui donnent corps, et elle chuchote plus fort que quiconque.

Conclusion

Les personnages en 3 ateliers d’écriture pour adolescents, c’est amusant. Cet article est assez court, mais il complète ceux déjà réalisés. Et puis cette fois, c’est une mise en action facile pour les adolescents, et intéressante pour tous. Alors, hop, c’est parti !

P.S : en plus des liens sur les personnages proposés en introduction, tu peux aussi relire l’article sur l’atypie et le handicap.