Ateliers écriture : le lieu. Article qui vient logiquement après celui sur le chronotope. Décrire un lieu est important, puisque votre lectorat va y déambuler avec vous. Il faut qu’il y trouve ses repères, sa place, l’ambiance. Décrire un endroit, ses particularités, ça se travaille. Seul ou en groupe, mes chers passagers, testez les consignes d’ateliers d’écriture suivantes pour donner du souffle à vos récits.
Atelier d’écriture en autonomie : la maison
Vous pourriez, mes chers passagers, vouloir vous entraîner à écrire, mais chez vous, tranquillement, qui est un lieu comme un autre, après tout. Voilà, vous avez vingt minutes devant vous, un crayon bien aiguisé ou un ordinateur bien chargé, du temps consacré à l’exercice et l’envie d’aller creuser dans le détail. Prenez une pièce, le salon, la chambre, la cuisine, à votre guise. Certainement que vous y circulez sans bien y faire attention, mu par l’habitude et les intérêts.
Soudainement, cette pièce ne vous appartient plus. C’est un autre qui y habite, qui l’a faite sienne. Votre héros, votre protagoniste d’un récit qui sera inachevé, mais on s’en fiche.
Le voilà, votre personnage, il est en action dans votre pièce. Et vous, auteur, vous allez nous la donner à voir. Comment est-elle, cette pièce ? La luminosité, les matériaux, le désordre, les objets de décoration, les couleurs, les odeurs, les autres personnes qui y circulent avec leurs habitudes.
Rentrez dans le détail. Décrire nécessite un travail sur les sens, ou un sens de l’observation augmenté. On ne se contente pas de voir. On entend, on sent, on touche…
Cet exercice s’apparente à un autre, Dans la chambre de Léonie, atelier autour de Proust. Mais dans ce dernier, l’écrivain amateur pouvait inventer. Cette fois, je vous demande de décrire ce que voit avec ses yeux neufs votre héros. C’est amusant, intéressant, et vous allez regarder différemment votre pièce. Libre à vous ensuite de mieux l’aimer ou de vouloir tout changer !
Atelier d’écriture : en extérieur
Bon, imaginez maintenant que vous soyez en groupe d’atelier d’écriture. C’est l’automne, il fait encore beau et chaud et franchement, vous seriez mieux dehors, non ? Alors c’est le moment de faire un atelier d’écriture sur le lieu en extérieur. Et de préférence dans un site que peu de gens connaissent, pas trop loin non plus de votre lieu d’écriture habituel.
Direction un endroit particulier. Découverte totale pour tout le monde. Comme dans le précédent exercice, on implique un protagoniste et l’on va lui faire habiter ce lieu. Pour cela,
- notez tous les détails : du gros bâtiment, ou l’étrange poterie, au petit caillou, le moindre insecte.
- Quelles sont les couleurs dominantes ?
- Quels sont les matériaux ?
- Quels sont les objectifs affichés de ce lieu ?
- Quels pourraient être les objectifs cachés ?
- Quelle lumière ?
- Quelles odeurs ?
- Quels bruits ?
- Notez ce qui surgit (ce son, ce camion, cet individu).
Voilà une histoire qui pointe le bout de son nez. Le lieu est habité, vivant. Restez sur place, afin que tous les détails se dévoilent peu à peu, que vous puissiez vous imprégner de l’ambiance, découvrir tout ce qu’il y a à découvrir. Imaginez votre personnage, soyez attentifs aux variations de bruits, de lumières. Tout ce qui surgit peut s’intégrer dans votre récit. Le but ici n’est pas tant le lieu que la mise en place de votre personnage dans un contexte. On trouve l’inspiration en se décalant, en se mettant dans un endroit neuf pour nous, en s’appuyant sur des détails, sur tout ce qui peut déclencher un mouvement, ouvrir un mystère, faire naître une particularité.
Atelier d’écriture : en extérieur, 2
Mon atelier d’écriture Grand-rue se déroulait à l’extérieur également. Rendez-vous était pris au café du coin avec les participants (c’est mieux quand il fait beau si l’on veut rester dehors). Chacun tirait au sort un papier sur lequel était inscrit un nom de magasin ornant la Grand-rue de mon village.
Ensuite, chaque membre part en exploration de son enseigne pendant au moins 15-20 minutes. Il peut rester à proximité, entrer, discuter avec le commerçant, prendre des notes, imaginer déjà son personnage à cet endroit.
Les participants reviennent et écrivent un texte (30 – 45 minutes environ).
Consigne exacte : Tu as pioché un nom de magasin. Tu vas aller l’observer, noter les détails de la devanture, de l’enseigne, des clients, des trottoirs, des affiches… Imagine ton personnage qui est là, devant cette boutique. Pourquoi ? Tu peux entrer et observer encore, acheter, poser une question au commerçant… Invente une histoire sans écrire.
Reviens t’asseoir quand tu veux et mets-toi au travail. Écris un texte suite à ce que tu as vécu.
Les lieux étaient pour la plupart connus des participants, mais sans doute n’avaient-ils jamais pris la peine de les habiter vraiment, d’en relever des détails, d’en imaginer un récit. Écrire, c’est porter attention et extrapoler.
Écrire l’ambiance
En lycée, dans un lieu plutôt clos, j’ai demandé aux élèves de sortir dans la cour et d’aller récolter des éléments, une ambiance, des bribes de conversation, de revenir avec tous ces petits détails qui allaient pouvoir donner un texte.
Une ambiance se ressent de manière personnelle. Certains pourraient se sentir enfermés, éprouver la violence, le stress, une teinte trop grise, tandis que d’autres relèveront les parties bleues du ciel, les éclats de rire des élèves, le moment de détente.
Les différences qui auront été notées sont intéressantes, cela souligne notre perception, nos tendances. En réalisant plus souvent ce type de travail, on accentue notre capacité d’observation. Cela peut se faire avec un public qui n’a pas tellement l’habitude d’écrire ou de faire attention aux sens, aux détails.
Écrire, c’est ressentir et l’exprimer.
Conclusion
En atelier d’écriture, le lieu à décrire est un très bon exercice. Il oblige à observer, utiliser du vocabulaire, faire travailler ses sens, à imaginer. Porter un regard précis, aiguisé sur les choses, les gens ou les lieux est une attitude importante dans la vie en général. Nous habitons un monde, nous devons pouvoir le dire.