Les écrivains aiment bien traiter de leur pratique d’écriture. Un des moyens de partager leur expérience est de l’intégrer dans leurs fictions. Je vous présente ici les romans qui aident un apprenti et futur romancier à écrire. Ils mettent en scène de jeunes auteurs ou des auteurs accomplis, qui prodiguent quelques tuyaux créatifs. Prêt à te former auprès d’écrivains confirmés, pour donner du style à ta prose ? Voire pour rédiger un livre ? C’est parti !
3 livres qui donnent de vrais conseils pour une écriture créative : l’aide par la pratique de l’écriture
Comment j’ai écrit un roman sans m’en rendre compte, Annet Huizing, publié chez Syros en 2016
Katinka, une adolescente marquée par la mort de sa mère, veut écrire un roman. Heureusement pour elle, sa voisine est une grande écrivaine prête à l’aider en lui donnant quelques astuces. L’adolescente les applique devant nos yeux ébaubis de lecteur : offrir à voir, plus que dire ; recourir aux 5 sens ; entretenir le suspense ; travailler la conscience du héros ; utiliser les personnages secondaires pour en dire plus sur les principaux, etc. Ce roman nous permet d’analyser la construction du récit et le jeune auteur trouvera beaucoup de ficelles pour peaufiner ses textes. Un très bon roman que je conseille aux jeunes et futurs auteurs, à partir de 11 ans.
Le groupe, de Jean-Paul Blondel. Actes Sud, 2017.
Ce récit met en scène des lycéens dans un groupe d’atelier d’écriture. Les animateurs vont les aider à écrire. Nous prenons connaissance avec eux des consignes, intéressantes pour un animateur d’atelier d’écriture. L’originalité du roman est portée par les différentes voix des personnages qui racontent leur parcours au travers des écrits tirés des instructions. Celles-ci incitent à se raconter, à se comprendre. Nous en apprenons de plus en plus sur chaque personnage, sur leur histoire. Je le recommande, si vous souhaitez essayer de faire échos aux membres du groupe et travailler votre créativité littéraire. La belle plume de l’auteur donne envie de participer à des ateliers d’écriture. À partir de 15 ans.
L’énigme de la chambre 622 , de Joël Dicker, éditions Rosie&Wolfe, 2020
Je cite souvent cet auteur, en ce moment, parce que bizarrement beaucoup d’éléments me ramènent à lui (on appelle cela de la synchronicité). Ce roman policier a l’intérêt de mettre en scène un écrivain, l’auteur lui-même. Il enquête sur un meurtre qui a eu lieu dans une chambre d’hôtel, et relate le récit de cette affaire. Nous abordons cette fiction sur plusieurs niveaux. Ce qui nous intéresse ici, c’est le travail de l’écrivain, et plus particulièrement ce qui est dit à la page 32 : « les gens considèrent souvent que l’écriture d’un roman commence par une idée. Alors qu’un roman commence avant tout par une envie : celle d’écrire. »
Il montre ensuite à son interlocutrice comment se poser les questions et poursuivre un récit. Une démarche très constructive, qui pourrait être un cours pour votre formation d’écriture créative.
Plutôt à partir de 15 ans.
Des romans inspirants qui mettent en scène des écrivains : une aide par l’exemple
La promesse de l’aube, de Romain Gary, paru en 1960
L’auteur parle de sa relation avec sa mère. Elle attendait de lui qu’il devienne un personnage important, et plus précisément écrivain. Le héros de ce récit raconte ses essais à l’écriture dans l’enfance, sa ténacité à devenir un grand écrivain plus tard, la difficulté de paraître dans une revue et d’atteindre ce que sa mère espérait de lui. On ne trouve pas vraiment de conseils d’aide à la création, mais on peut apprendre beaucoup du chemin à parcourir pour devenir écrivain. De ce qui a déclenché le désir pour écrire. C’est plus un roman inspirant, déjà par sa qualité littéraire, qui nous laisse croire que la volonté et la foi, mais surtout l’amour, nous feront réussir. Une superbe histoire, d’inspiration autobiographique. À partir de 15 ans.
Misery, de Stephen King, Albin Michel, 1989
Quand une lectrice fanatique tente de faire réécrire la fin d’une série à son auteur préféré. Mais c’est dans la douleur que ça se passe. Un huis clos inquiétant, où un auteur se confronte à la volonté d’un lecteur. L’infirmière qui le séquestre est si dangereuse qu’elle le blessera plus qu’elle ne le soignera. Et lui devra gérer la perte de sa création, produire de nouveau sous une contrainte liée à la mort. Mais écrire sous la contrainte, ça marche !
Obsession Blanche, de Valérie Valère. En livre de poche, 1992.
Quand un auteur ne parvient plus à remplir des pages, et que cette non-création le rend fou. Alors que son premier roman avait bien marché, le voici emmêlé dans les affres de la création, de l’attente, de la pression que l’on se met soi-même. Comment écrire, à présent que le succès a déjà été au rendez-vous ? Comment se renouveler sur la page vierge ?Qu’est-ce qui pourra l’aider ? Un roman d’une auteure précoce, qui a marqué une génération avec Le pavillon des enfants fous.
L’écriture ou la vie, de Jorge Semprún, Gallimard, 1994.
Comment renaître par l’écriture après les camps de concentration ? C’est bien sûr une situation particulière qui ne pourra pas inspirer le commun des jeunes écrivains. Mais ce livre interroge sur la vie, sur l’opération des mots, leur pouvoir. Dès 15 ans.
Le journal d’Aurore, tome 1 : Jamais contente, de Marie Desplechin, L’école des loisirs, 2006.
Aurore est une ado normale, dans une vie normale, qui n’aime pas le collège et encore moins le français. Malgré tout, un professeur va l’inciter à découvrir le monde des lettres. Et ça va lui plaire, elle va même se mettre à écrire sur sa vie, son entourage, avec beaucoup d’humour (et beaucoup d’acidité aussi). Un vrai coup de cœur, cette série m’a inspirée. Je trouve dommage que les adolescents lui préfèrent d’autres romans comme Le Journal d’une grosse nouille. C’est fin, drôle, rythmé, attachant.
Zephyr, Alabama, de Robert McCammon, Ed. Monsieur Toussaint Louverture, 2022.
Je n’ai pas encore lu ce roman, mais c’est apparemment une merveille. Si je le cite, c’est parce que le narrateur rédige le récit de son enfance à Zephyr, dans les années 1960, alors que, doté d’une grande imagination, il voulait devenir écrivain. Il questionne d’ailleurs le fait d’être écrivain, auteur ou raconteur d’histoire… Tout commence avec cette voiture qui tombe dans le lac. Le mystère va longtemps demeurer et accompagner son parcours de futur romancier dans une ville où se cachent quelques monstres du réel.
Extrait : « Dès mon plus jeune âge, j’avais pressenti que toute communication humaine — la télé, les films, les livres… — avait pour origine le désir de raconter une histoire. Ce besoin de raconter, de se brancher sur une prise universelle, compte parmi nos désirs les plus essentiels. Et le besoin d’écouter des histoires, de se glisser dans d’autres vies, ne serait-ce qu’un instant, est la clé du monde magique qui naît avec nous. »
Dès le collège.
Parmi mes livres, deux au moins traitent de l’écriture
Tout écrivain, en écrivant, parle d’écriture. Parfois, il joue avec cet effet miroir. C’est l’écriture qui devient l’héroïne de la fiction. Voici deux de mes récits qui jouent de cet effet.
Miss rabat-joie (encore), 2016.
Je reviens souvent sur ce titre, mais il entre dans ce thème d’apprentissage de l’écrivain par la fiction. Julie Julot tient son journal et, dans le premier tome, raconte son combat au collège, pour des repas végétariens à la cantine ; dans le deuxième, elle nous embarque dans son instruction en famille ; dans le troisième, elle relate ses tourments amoureux ; et enfin dans le quatrième elle narre sa vie d’écrivain, ses questionnements, notamment dans l’autoédition. Elle explique par moment pourquoi elle écrit, comment elle écrit, et comment ça se passe pour une jeune auteure dans la jungle littéraire.
À partir de 10 ans.
Le fil tendu, 2017.
Le récit d’une femme séquestrée à qui l’on demande d’écrire, pour publier son œuvre sur Facebook. On assiste donc à ce récit d’elle-même, à ses inventions, ce qu’elle brode, sa création. C’est aussi une réflexion sur la célébrité par l’écriture, ou plutôt par la médiatisation. On pourrait penser que cette histoire ressemble à Misery, mais ce n’est pas le même processus ni la même intention. L’intrigue est minime, la poésie plus appuyée, les questions soulevées différentes. À partir de 15 ans.
Ma liste des romans qui aident à écrire n’est pas immense, et ces livres ne sont pas tous des best-sellers, malgré leurs nombreuses qualités. Il existe certainement d’autres titres que je n’ai pas encore rencontrés. Si vous en connaissez, citez-les en commentaire !
Dans un autre article, j’aborderai les guides pratiques qui aident à écrire.