Pour finir cette année 2022, voici 3 consignes d’écriture de Noël. Effectivement, tout peut être source d’inspiration, à l’origine d’un texte ou d’une pensée, d’une sensation ou d’une remise en cause. Allez, c’est parti pour les écrits de Noël. Pour d’autres consignes, rendez-vous sur la page Facebook Les passagers en écriture !
1 Dans la boule
Pour commencer, on part sur un objet. La boule dans le sapin. Je ne sais pas si c’est celui qui symbolise le plus cette période, mais je pense en tout cas que la forme, la matière, l’éclat d’une boule de décoration sont assez intéressants pour créer une poésie ou un texte. Cette consigne titille l’imagination, le souvenir, peut-être, et le décalage avec le quotidien.
Consigne :
Te voici devant une boule. Tu observes le reflet, surpris…
C’est à toi ! Fantastique, réaliste, philosophique, poétique, ou tout à la fois, écris cette boule, ce qu’elle reflète, ce qui te surprend. 20 minutes.
Mon texte
Si je m’approche, c’est pour vérifier. Est-elle verte, ou est-ce le sapin ? Sa transparence pouvait laisser le doute prendre le dessus, mais je n’aime pas ignorer, il faut que je sache, tout le temps. De loin, je me demandais également, si c’était des dessins qui griffaient toute son attitude de décoration immobile.
Alors je m’approche. Il est évident qu’elle est transparente, mais légèrement opaque. Une espèce de paradoxe à elle toute seule. Lisse, elle devient miroir, et dans ce reflet qu’elle propose, je vois mon gros nez. Immense. Une falaise, un pic, et sans doute que la mer s’en est effrayée. Je recule, je n’aime pas ce nez ni ces yeux extravagants. Je cherche la bonne distance, le bon éclairage, pour donner à cette boule l’univers qu’elle perçoit. Lui faire croire aussi qu’à l’intérieur d’elle se meut une vie, un espace, un temps, une atmosphère. Enfin, je trouve, j’arrête mes mouvements. Dans l’arrondi de l’objet, je trouve ma gueule d’alien, une délimitation précise de la pièce, où se calent la cheminée, le bahut, un bout de table, une assiette, des bougies, le parquet, la moitié du tapis, des bûches mal rangées, le tableau peint par un enfant. Puis quelque chose qui bouge, un mouvement. J’interromps ma respiration. Non. Plus rien. Sans doute un humain qui a parlé, et le son qui est venu se perdre dans des chaussettes suspendues. Ah, tiens ! Que vois-je ? Ça n’en finit donc pas ? Au-dessus, en dirait une boule peut-être rouge. Si j’allais voir ? J’approche de nouveau, et cette fois, je colle mes moustaches, fais trembler les branches, parce que c’est bien plus haut que ça se passe. Si l’on cherche le chat, personne ne saura qu’il est là.
2 Dans la neige.
Cette fois, nous partons sur un élément de la nature, et sur nos perceptions, sur les mots pour les dire. Autre symbolique de la période, la neige. Que l’on soit à Tahiti ou en Alaska, on ne doit pas la percevoir de manière identique. La neige, c’est blanc. Mais l’Européen moyen ne détecte qu’un maigre échantillon de blanc. Ce qui n’est pas le cas des peuples qui vivent dans cet environnement.
Consigne
Imagine-toi, mon passager, dans un univers blanc. Pour te repérer, tu dois distinguer un camaïeu de blanc. Alors, décris ce que tu vois, en trouvant des noms à tous ces repères blancs.
20 minutes pour dire en poésie, en prose, en fiction, le blanc dans la neige.
Mon texte
Cet étal qui scintille,
sous mes doigts qui fourmillent,
moi tombée là comme un flocon,
perdue, inapte.
Je cherche ma maison,
une cabane en bois,
qui ploie sous la glace,
Qui chauffe l’horizon.
Je vois ici, les sapins,
entourés du bleu des ombres,
de blanc opalin
à la brume azure et tendre.
Tout autour l’ivoire éclabousse,
englué d’éclats des pôles,
Il bouge, se trémousse
Comme le lièvre qui le découvre.
Je sais qu’il faut
faire attention
Au blanc lunaire
Qui dissimule
Sous son apparence
Sous son attrait
Toute l’innocence
De l’eau figée.
Sous mes pas, blanc de lin,
tout se casse, et fige
Mes intentions et de loin
L’on sait que je reviens.
Quand le sol est d’albâtre
je sais que l’heure de la nuit
Se propose, menace,
Enlève la joie du sol blanc.
Je retrouve à l’heure écrue
le bois blond
La fumée grise saugrenue
De ma maison.
3 Décembre
Enfin, pour la dernière consigne, je te propose quelque chose de plus vague, mais qui fait appel à tes souvenirs, tes émotions, à l’humeur du moment, peut-être. J’ai toujours trouvé le nom des mois très beaux. Mon préféré est octobre. Mais puisque nous sommes en décembre, et bien chatouillons décembre.
Consigne
Qu’évoque pour toi ce mois ? Que soulève-t-il dans ta mémoire ? Quels émois, sentiments, sensations, objets ? C’est à toi. Poèmes, textes, souvenirs… 20 minutes.
Mon texte
Souvent, la fatigue creuse des cernes, joue avec le temps, se mêle au rhume, grippes, ou autres virus. Les fêtes de l’enfance ont pris en vieillissant une amertume -ou de l’acidité ? – de citron, pressés que nous sommes de bien faire, de dépenser beaucoup, de recevoir, de manger, de travailler, pour certains. Décembre à des relents de cendre, de ce qui se consume, de ce qui s’éteint. La nuit est plus longue, le jour est plus froid, la neige ne vient pas chez moi. La pluie, plutôt, parfois le vent, le soleil, également, la chaleur qui insiste et sonne comme une erreur dans les maisons décorées.
Décembre. C’est tendre, décembre, c’est doux, il ne faut pas croire. Je garde le goût de la mandarine, de la pâte d’amande, des vacances et des couettes tièdes dans les matins beiges, des retrouvailles en famille, des paquets surprises. Le sapin en plastique, la consommation d’énergie, les déceptions, l’impression de vide après l’ouverture des cadeaux, oui c’est tout en mélange décembre. C’est indécent, comme des confettis trempés sous les averses fatiguées.
Conclusion
Voilà 3 consignes d’écriture pour travailler un brin à côté du feu, à l’heure crème, café au lait, biscuits ou grise. Un peu de piment, de contraintes, c’est toujours chouette à essayer. Il faut laisser poser un peu, et y revenir quelques heures après. À ce moment-là, on trouve quelque chose à modifier. Pour trouver d’autres sources d’inspiration, tu peux relire l’article les secrets de la créativité. C’est parti !
Noël Image par Larisa Koshkina de Pixabay
conclusion