Publier son roman : go !

Vous venez de terminer et de corriger votre œuvre, et la plupart du temps, tout auteur espère publier son roman : go ! On se lance ! Tout le monde le sait, le parcours est ardu, semé d’embûches pour ceux qui s’aventurent dans la jungle littéraire. Entre édition traditionnelle à compte d’éditeur et autoédition, les possibilités sont nombreuses, encore faut-il trouver sa voie. Voici mon partage d’expérience qui pourra vous aider, mes chers passagers, à frayer votre chemin.

Une femme publie son roman.
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Première question : faut-il publier ?

Cette question peut sembler absurde, mais il est légitime de la poser.

Tout d’abord, envisager de publier nous expose bien souvent à quelques déceptions. Le monde de l’édition est saturé, y trouver sa place demande de la passion et de l’énergie. Bien sûr, certains tirent leur épingle du jeu, que ce soit dans l’édition traditionnelle ou en autoédition. Certains genres sont plus prisés que d’autres, des éditeurs ont plus d’impacts, sont plus grands, des auteurs sont plus performants…

Pourquoi vouloir publier ? Le plaisir d’être lu, de mener à bien son travail, de le finaliser totalement en lui offrant un écrin, un parcours, cela justifie que l’on porte notre histoire sur la place publique. Mais on pourrait tout autant décider de la garder pour soi. Le plaisir d’écrire pourrait être encore plus grand que le plaisir d’être lu.

De plus, comme je l’avais traité dans un autre article, publier a un coût écologique. Il n’est pas négligeable, et nous pouvons sentir de la contradiction au moment de mettre notre texte sur un serveur, d’utiliser du papier, les transports… Personnellement, je n’ai pas trouvé de solution à moindre impact écologique.

Enfin, est-on sûr de la qualité de son texte ? Grande question à laquelle seuls nous ne pouvons pas répondre. La validation d’un éditeur n’est pas toujours certaine, nos amis ne sont pas toujours objectifs, et de plus il est difficile d’évaluer ton travail sans avoir le retour des lecteurs…

Définir la qualité est également une question importante, elle varie selon les publics, vos attentes, celles des lecteurs, des professionnels, nos compromis. Je vous invite à regarder l’émission de Yasmina Behagle, sur YouTube, qui apporte une réflexion sur le sujet.

Choix 1 : l’édition traditionnelle

Je parle de choix, mais celui-ci est restreint. Nous pourrions désirer être publiés en maison d’édition traditionnelle sans avoir la certitude de trouver l’éditeur qui voudra porter notre texte.

Parmi ces maisons d’édition, nous pourrions sélectionner également les grandes, les moyennes, les petites, les indépendantes, les généralistes, les « genrées » (dans le sens qui publie un genre précis)… Mais là encore, c’est l’éditeur qui nous choisit plus que l’inverse.

Ce chemin est difficile, c’est pourquoi beaucoup d’auteurs se tournent vers l’autoédition. Cependant, je suis persuadée que vivre plusieurs expériences est enrichissant. Pour ma part, j’ai eu la chance de trouver quatre fois des partenaires de travail. Toujours des maisons d’édition indépendantes. Et si cela ne m’a pas propulsée sur la route du succès et de la gloire, je pense que ces rencontres font partie du cheminement de l’auteur.

Les avantages d’être en maisons d’édition

  • En ce qui me concerne, je ne peux donc que parler de petites maisons d’édition. Et l’avantage principal est de se sentir légitime. Quelqu’un a approuvé votre travail, y a apporté son regard extérieur, la plupart du temps professionnel, et ce n’est pas rien ;
  • Ensuite, cette personne va entreprendre d’améliorer votre texte avec vous, de le faire progresser, de vous faire progresser. C’est pour moi très important, indispensable.

J’ai eu généralement peu de modifications à effectuer sur mes manuscrits, mais j’ai pu découvrir mes tics de langages, mes faiblesses. Ce qui peut déranger les auteurs, c’est quand un éditeur tente de les amener sur un chemin qui ne leur ressemble pas. Cela peut, je pense, arriver plus souvent dans les grandes maisons d’édition. Les éditeurs indépendants recherchent votre originalité, et non à se conformer à un marché. Mais en général, un professionnel souhaite vous conduire au meilleur ;

  • Vous vous confrontez également à la chaîne du livre, vous abordez les différents pourcentages octroyés à chaque partenaire, les contrats, les propositions de salon, ou autres promotions. C’est important, lorsque l’on veut s’implanter dans le secteur de la littérature ;
  • Les éditeurs indépendants ont le temps d’établir une relation avec vous, de bien vous connaître. Ils portent votre livre aussi longtemps qu’ils le peuvent. Vous n’êtes pas relégués au bout de six mois au pilon. Chacun est conscient du travail de l’autre, et la ligne artistique prime sur les valeurs commerciales. Dans une plus grosse maison d’édition, votre place est plus risquée. Y être publié n’est pas un gage de réussite ;
  • Vous ne supportez pas les coûts, puisque c’est l’éditeur qui gère. Tout ce qui est gestion, marketing, commercial, c’est pour l’éditeur. Cela vous permet de vous concentrer sur la création. Gros point positif, quand on ne se sent pas à l’aise sur les autres versants.

Les inconvénients d’être en maison d’édition

  • Dans les petites maisons d’édition : hélas, tout comme vous, les petits éditeurs se battent avec la concurrence. Ils n’ont pas pignon sur rue, et ce n’est pas évident pour eux de se maintenir à flot, notamment avec le développement de l’autoédition. Ils n’ont pas les moyens de vous faire connaître dans les sphères les plus porteuses. Souvent, seuls chefs à bord de leur entreprise, ils doivent gérer tous les domaines, ce qui veut dire moins de temps pour chaque tâche. C’est donc à vous de compenser, de communiquer, de vous montrer ;
  • Dans les grandes maisons d’édition : différentes personnes vous offrent leurs compétences, mais vous pouvez très bien être oubliés, passer après les grosses têtes d’affiche, et être mis au pilon au bout de 6 mois. Alors que votre livre aura eu un long parcours : de 3 à 6 mois pour obtenir une réponse, parfois un an avant d’être publié. Vous avez toutefois plus de chance de voir votre livre parader un peu dans les librairies, où d’ailleurs les libraires vous prendront plus au sérieux que si vous travaillez en autoédition :
  • Dans les deux cas, vous ne choisissez pas la couverture, la mise en page, ou encore le titre. Votre projet peut vous échapper un peu ;
  • Vous n’avez eu à supporter aucun coût, mais les revenus sont à pleurer, entre 5 et 10 % du livre. Quand on en vend beaucoup, c’est intéressant, mais ce n’est pas évident d’en écouler assez pour gagner un salaire. Même les gros vendeurs se plaignent de ne pouvoir vivre décemment. Cela a été décrié par Samantha Bailly, auteur qui a du succès, mais qui peine à se tirer un salaire. Cependant, après avoir tenté l’autoédition, elle préfère finalement passer par des éditeurs ;
  • Enfin, vous allez céder vos droits, ce qui n’est pas rien. Le contrait signé vous engage, et surtout vous enlève de votre paternité ou maternité.

Choix 2 : l’autoédition

L’autoédition a le vent en poupe. Elle manque parfois de légitimité, mais il faut désormais la compter dans le paysage littéraire. On n’y trouve pas que des auteurs ratés, n’ayant pas obtenu de réponses positives des maisons d’édition. Beaucoup d’écrivains s’y retrouvent, séduits par tous les avantages dont nous allons parler. Samatha Bailly, justement, y a eu recours. Joël Dicker, quant à lui, a créé sa propre maison d’édition (ce qui revient à s’autoéditer).

Les avantages de l’autoédition

  • L’avantage principal est la liberté. Liberté de choix de couverture, de titre, du moment où l’on va publier. Votre côté créatif n’a pas fini d’être sollicité ! Mais pas que ! Votre côté entrepreneur également. C’est vous qui gérez votre propre boîte, vos décisions, votre temps, votre marketing. Un vrai paradis pour les multipotentiels ;
  • C’est très excitant de s’occuper de tout soi-même. L’objet livre fini, on se sent encore plus fier. e ;
  • Vous apprenez beaucoup de choses, comprenez mieux la chaîne du livre. On manipule beaucoup, on développe ses compétences, on observe plus, on maîtrise mieux l’entreprise littéraire ;
  • Si tout semble compliqué au départ, on finit par trouver les bons outils, la bonne plateforme, et on gagne du temps. Tout va beaucoup plus vite, en autoédition. Vous pouvez écrire votre livre en six mois et le publier deux mois après ;
  • L’autoédition peut devenir un tremplin. Elle l’a été pour des auteurs comme Martin-Lugand, Valognes, Todd, James… Bien sûr, cela ne fonctionne pas avec tous les auteurs. Malgré tout, c’est un moyen de tester ses capacités d’écrivain, de proposer ses livres à un public, de se faire connaître ;
  • Certains parviennent à gagner leur vie par ce biais. En effet, notamment dans le genre de la romance et du fantastique, le lectorat s’avère plutôt friand (je pense à des auteurs comme Julie Huleux, Eulalie Lombard et Marie Faucheux).

Les inconvénients

Tous les avantages cités peuvent tout aussi bien être des inconvénients.

  • Par manque de temps ou d’envie, vous pouvez très bien ne pas désirer vous confronter à la technique ou à la dimension commerciale de votre livre. Tout le monde ne peut pas être multifonction, ou développer toutes les compétences nécessaires autour de l’objet livre. Fabriquer sa couverture n’est pas la chose la plus aisée. Des graphistes sont formés pour ça. Le corriger seul est une vraie gageure. Savoir vendre son livre, le promouvoir peut mettre mal à l’aise l’introverti que vous êtes ;
  • Il est conseillé de déléguer et de faire appel à un correcteur et un infographiste au minima. Mais cela a un coût. Or, un auteur gagne peu. Et s’il investit, il n’est pas certain de pouvoir couvrir ses frais, d’avoir un retour sur investissement ;
  • Vous êtes chef de votre entreprise : vous devez donc supporter tous les coûts, apprendre à investir, vous tenir au courant du marché, des nouvelles technologies, des droits, des évolutions administratives…
  • L’auteur édité manque de légitimité, du moins dans le monde traditionnel (auprès des éditeurs, des libraires, et parfois des lecteurs). Il n’a pas la garantie d’avoir écrit un bon livre, puisque personne n’a validé son texte. Personnellement, c’est quelque chose qui me gêne à moi, du genre perfectionniste, mais je suppose que pour d’autres ce n’est pas un problème. L’avis des lecteurs leur suffira (et ceux-ci sont parfois moins exigeants que leur auteurs !) ;
  • Certains auteurs autoédités privilégient le livre papier. Ils doivent alors parcourir les salons tous les week-ends pour vendre leur fonds. Mais cela est vrai également avec des petits éditeurs.

Je ne parle pas des éditions à compte d’auteurs. Je ne pense pas que ce choix soit pertinent aujourd’hui avec tous les outils qui nous sont proposés.

Publier son roman : go ! Choisir l'autoédition.
Choisir l’autoédition

Mon choix de plateformes d’autoédition

J’ai commencé à publier en autoédition en 2017. J’avais tenté en 2006 de travailler avec Le manuscrit, mais le contrat est trop contraignant. On n’est pas tout à fait dans l’autoédition ni dans l’édition classique. Mais cette première démarche, avec la transformation de mon manuscrit en livre, avait boosté ma motivation.

J’ai ensuite testé Thebookédition, mais mon choix aujourd’hui s’arrête sur deux plateformes :

Bookélis

Cette plateforme française propose beaucoup de conseils et de services (comme création de couverture, correction, mise en page…), ainsi que plusieurs manières de publier.

Bookélis : publier son roman.

En privé, par exemple, où il ne sera pas utile de se procurer un numéro d’ISBN. Ce peut-être utile pour des projets sans autre ambition que de se faire plaisir, ou avec des enfants, sa famille, ses amis…

Il est possible de publier gratuitement en exploitant tous les outils de Bookelis : création de couvertures, mise en page papier, ebook. Par contre, le livre papier n’aura pas de distributeur. Il pourra être acheté sur la plateforme, autrement dit par très peu de monde, ou vendu sur les salons (il faudra donc se procurer les exemplaires en amont). L’ebook, lui, sera disponible à peu près partout, et vous pouvez choisir les plateformes de vente. Cela peut suffire quand on compte sur ce format pour se faire connaître.

Ma série Miss rabat-joie se trouve chez Bookélis, et effectivement je ne vends que des ebooks, pas de livres papier.

L’avantage de Bookelis est que vous pouvez corriger votre texte, changer votre couverture, en cas de soucis, de réajustage. C’est très confortable et rassurant.

Pour un coût de 96 euros par an, vous pouvez être distribué en librairie par Hachette. Et pour 156 euros par an, vous serez même disponible à l’international (Pack monde).

Le suivi est tout à fait correct. J’ai eu parfois besoin d’être dépannée et le personnel était plutôt réactif.

Par contre, notre marge ne nous est versée qu’à partir de 30 euros et selon un planning à leur convenance, à peu près tous les quatre mois. C’est là le plus gros inconvénient de Bookélis. Quoique le coût aussi est rédhibitoire.

BOD (Book on demand)

BOD : publier son roman, go !

C’est une plateforme allemande et je pense que c’est ma plateforme préférée, même si beaucoup moins d’outils sont disponibles que sur Bookélis. Tout y très simple.

Vous y trouverez plusieurs forfaits. Celui à 19 euros à vie est malheureusement passé à 39 euros (mais on ne paye toujours qu’une seule fois). Il reste acceptable, mais l’augmentation rend BOD moins attractif. Pour ce coût unique, vous pouvez publier votre livre papier et votre ebook, en un seul envoi, et en bénéficiant de la distribution de la Sodis. Par contre, votre couverture doit être créée auparavant. Et il me semble que nous ne pouvons pas modifier notre manuscrit comme chez Bookélis.

L’ISBN nous est fourni, c’est très pratique, et plus encore parce que BOD s’occupe d’envoyer votre livre à la BNF. Pour proposer votre propre ISBN, vous devez vous inscrire en tant qu’éditeur.

Les documents comptables sont intéressants, on peut suivre par mois, trimestre ou par année les marges enregistrées. Nos droits d’auteurs nous sont versés tous les mois.

Par l’expérience des autres, le suivi est bon. Personnellement, je n’ai pour l’instant pas eu de problèmes, je n’ai donc pas eu à contacter le service après vente.

ET KDP (Amazon) ?

C’est bien évidemment la plateforme d’autoédition la plus connue, sans doute la plus utilisée. Je l’ai également testée. Les plus gros avantages de KDP sont :

  • un coût moins élevé que sur les autres plateformes (pour l’auteur quand il achète ses livres). Il peut revenir en moyenne à 4 euros à l’auteur alors qu’il nous en coûtera peut-être 7 euros sur Bookélis. De plus, vous n’aurez rien à payer pour utiliser la plateforme ;
  • Une énorme distribution, c’est vraiment la grosse base où la plupart des gens cherchent les livres ;
  • La page auteur, qui nous permet de montrer plus clairement qui l’on est, notre univers, etc.

Mais on trouve aussi des inconvénients :

  • Exclusivité, bien souvent, pour plus d’avantages. Pour être présent sur d’autres plateformes, il faut prévoir plus de manipulations. Personnellement, j’avais couplé avec Kobo (Fnac) ;
  • Les livres ne sont pas de très bonne qualité, ils s’abiment vite. Certains auteurs se plaignent même de couvertures mal faites, mal découpées, observées à la réception du livre ;
  • On ne peut jamais vraiment retirer le titre. Il reste enregistré dans la base d’Amazon.

Je ne garde pas cette plateforme, parce que je pense que mon public n’y est pas forcément, parce que je serai obligée de faire des manipulations pour être sur d’autres plateformes, et parce que d’un point de vue écologique, BOD et Bookélis sont meilleurs. Par contre, financièrement, c’est le plus intéressant.

KDP plateforme d'autoédition

Conclusion

J’espère que ces pistes vous auront aidés dans vos choix. Publier son roman : go ou pas go ? L’aventure vaut toujours le coup, l’objet livre concrétise tout notre travail. L’éditeur classique apporte la légitimité, mais l’autoédition donne envie de poursuivre dans cette voie, alors que nous pourrions renoncer quand les éditeurs nous ferment les portes.

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