Les passagers des mots Métier Comment travaillent les auteurs : Marc Andray

Comment travaillent les auteurs : Marc Andray

Comment travaillent les auteurs : Marc Andray. Après Jean-Luc Marcastel et Vincent Ferrique, nous passons à un univers très décalé. Entre dystopie et fanstastique, Marc nous plonge dans la psychologie ambivalente des êtres humains. C’est un vrai coup de coeur pour moi et je suis heureuse de laisser la parole à l’homme derrière la fiction.

Comment travaillent les auteurs : Marc Andray
Comment travaillent les auteurs : Marc Andray

ATTENTION AU DÉPART

Tu aimes lire et tu t’intéresses au processus créatif ? Tu désires visiter la cuisine ?

Peut-être même que tu souhaites te lancer dans l’aventure… Alors je te préviens tout de suite, c’est pas Koh-Lanta ! C’est plutôt le parcours d’un migrant de Kinshasa à Londres, avec traversée du désert et naufrage en Méditerranée. On y va quand même ?

Allez, c’est parti.

POURQUOI ÉCRIRE ?

Pour la fortune et la gloire. Non, je blague.

Si tu veux la réponse, tente de vivre avec un écrivain et tu l’auras.

Ma compagne m’a offert récemment un joli petit marque-page en bois sur lequel est gravé «Écrire est le paratonnerre à tous les débordements». Elle a tout compris. Elle sait très bien que si je n’écrivais pas, je serais insupportable. À la base, partager la vie d’un auteur (et d’un artiste, en général) est rarement une sinécure. Si en plus il ne pratique pas son art, ça vire au calvaire.

Voilà pourquoi écrire. Pour infliger à des personnes imaginaires les pires tourments, les tracasseries les plus cocasses, les sensations les plus fortes, les situations les plus folles et, du même coup, éviter à son entourage et à soi-même de subir tout ça. Car vois-tu, cher explorateur de cuisine, on clame que l’artiste possède son art, mais c’est des bobards de bobos. C’est l’artiste qui est possédé par son art. Possédé, obsédé, aliéné et finalement dépossédé. Ouais, je sais, être dépossédé parce qu’on est possédé, c’est tordu comme raisonnement, mais j’ai jamais prétendu être aussi rectiligne et rassurant qu’une autoroute. Je suis plutôt ruban de montagne qui tourne, qui grimpe, qui descend, qui ne te prévient pas de ce que tu vas trouver derrière le virage.

Écrire est le paratonnerre à tous les débordements

Kheira Chakor 

Atteindre l’équilibre

Bon, je m’écarte du sujet (ça m’arrive, n’hésite pas à me le signaler). Je disais donc que l’auteur (enfin moi, car j’ignore si mes confrères sont dans ce cas) a besoin d’écrire pour atteindre une sorte d’équilibre. Tout ce que je souhaite, c’est parvenir à vivre en bons termes avec les gens qui occupent ma tête, y foutent le bordel et ne paient pas leur loyer. Je n’ai jamais pu me résoudre à verrouiller mes portes, à barricader mes fenêtres, à recruter des mâchoires canines qui bavent et qui grognent et à installer un système d’alarme directement relié à Big Brother, tout ça pour décourager les squatters. Depuis tout petit, les idées se pressent dans mon cerveau étriqué comme des migrants (encore eux !) sur la plage de Calais. C’est pas bon pour la paix sociale et le commerce.

C’est pourquoi, ces envahisseurs (qui se reproduisent comme des lapins Duracell, c’est bien ma veine), il faut que je leur trouve un terrain d’expression où planter leur bidonville. Alors, vas-y que je te les couche sur le papier, ils demandent que ça. Et ça copule à tour de pattes et ça se reproduit encore et encore, mais je m’en fous, c’est plus chez moi et ça laisse une petite place pour les personnes que j’aime.

Exprimer le malheur

Une autre raison qui me pousse à écrire est le malheur. Je pense que les gens heureux n’ont pas d’histoire et que, si j’étais satisfait de la vie, je ne perdrais pas mon temps à la raconter, je la vivrais. J’ai besoin de manifester mes doutes, mes angoisses, mes soucis.

Ne va pas croire pour autant que je sois centré sur ma petite existence ou particulièrement malheureux (ah, le mythe de l’artiste maudit !). Même dans mes périodes les plus fastes, quand les planètes sont alignées et que brillent les astres, je ne peux endormir la révolte qui gronde en moi à la vue des injustices du monde. Exprimer le malheur, le mien ou celui d’autrui, me donne l’impression de le contrôler un peu et m’autorise à nourrir l’espoir qu’on peut changer les choses (en mieux, de préférence). C’est sans doute illusoire, mais ça assoupit ma révolte et ça m’aide à roupiller.

Après, si ça m’apporte fortune et gloire, je ne cracherai pas dessus. Je suis un garçon poli.

Méthode de Marc Andray pour écrire.
Photo by Todoran Bogdan on Pexels.com

INSPIRATION – IMAGINATION – PAGE BLANCHE

Parfois, on me demande d’où me vient l’inspiration, comment je peux posséder autant d’imagination. Je te l’ai expliqué, c’est l’imagination qui me possède. Jamais je ne suis à court d’idées. Le plus dur est de les faire sortir dans le bon ordre, alors qu’elles s’apparentent plus à une foule affolée cherchant à s’échapper d’une salle en feu dont l’issue est aussi large qu’une porte de boîte à lettres.

Chez moi, la page blanche ne dure pas longtemps, sauf quand je suis coincé, par exemple en mettant mon héros dans une situation périlleuse sans savoir comment l’en extraire. En général, j’essaie d’y penser avant, afin d’éviter de recourir à une astuce tirée par les cheveux, une solution miraculeuse, un heureux hasard, tel qu’on en voit dans les premiers Tintin, quand Hergé plaçait un cliffhanger toutes les six cases.

Pour moi, l’inspiration n’est pas un problème : si un jour elle vient à manquer, j’arrête tout. Je ne demande que ça. Bien sûr, j’éprouve du plaisir à inventer des histoires, à les mettre en mots, je vais pas te mentir. Mais c’est aussi un doux cauchemar.

Du rhum 15 ans d’âge

L’écriture, c’est ma dose de rhum 15 ans d’âge. C’est foutrement bon, c’est excitant et ça m’envoie sur un petit nuage. Pourtant, comme nombre d’alcooliques, j’aimerais bien arrêter et mener une vie normale.

Je ne cherche pas à te faire pleurer, c’est juste pour donner un conseil à ceux qui veulent se lancer dans la littérature et se plaignent de manquer d’inspiration : si t’as pas d’idée, n’écris pas!

Beaucoup de romanciers célèbres affirment qu’il ne faut écrire que si on ne peut pas faire différemment. En d’autres termes, si tu peux t’en passer, laisse tomber le rhum. Il y a tellement de choses bien plus saines dans la vie.

Tiens, je viens encore de répondre à la question « pourquoi écrire ?». On y revient toujours.

L’ENVIE EST TROP FORTE ?

Tu insistes ? Tu veux vraiment écrire ?

Tu sens un truc qui monte de ton ventre et qui t’emplit le cerveau ?

Tu crois effrontément que le monde attend après ta bonne parole ?

Je te l’accorde, c’est présomptueux, mais pas de fausse modestie entre nous. Si tu décides de présenter tes mots à la face du monde, c’est bien que tu te la pètes un peu, non ?

Et tu as raison. C’est cette prétention qui t’aidera à te sortir les tripes et à les poser sur la table pour proposer quelque chose de personnel plutôt que de décalquer avec application les dessins des autres.

Attention, il faudra aussi faire preuve d’humilité, de beaucoup d’humilité, parce que ce qui accompagnera tes tripes risque fort d’être de la merde. Pour le bien de ton «œuvre», tu devras douter et y plonger les mains afin d’en extraire le meilleur.

Si tu es prêt à ça, la prétention et l’humilité, l’arrogance et le doute, les bras dans la fange, alors tente ta chance. Et rien que pour toi, je vais confier comment je travaille.

Ecrire n'est pas un parcours tranquille. Voir le travail des auteurs.
Photo by cottonbro studio on Pexels.com

MA ROUTINE D’ÉCRITURE

Y en a pas !

Contrairement à la plupart de mes confrères et en dépit de leurs conseils, je n’ai aucune discipline ni régularité. C’est un tort, je le sais. Une routine me rendrait plus productif et plus performant.

Or, j’écris quand j’en ai l’opportunité. Ça peut durer vingt minutes ou des heures, en fonction de mon temps libre et de l’inspiration. Je n’ai pas non plus de lieu privilégié pour favoriser ma créativité puisque, où que je me mette au travail, je plonge dans ma bulle et rien (ou presque) ne vient me distraire. Au niveau matériel, c’est juste papier-stylo, ce qui facilite grandement mon nomadisme et mon opportunisme. Si j’écrivais directement sur PC, je serais obligé de me discipliner. Ce n’est pas le cas et vous en serez pour vos frais quant à ce genre de conseil.

CONSTRUCTION DU ROMAN

Nous voici enfin au cœur du sujet, raison pour laquelle tu t’es patiemment farci la prose qui précède.

– L’idée

Le roman commence par une idée. Elle me traverse l’esprit, de préférence pas trop vite, et si je la trouve sexy, je l’accoste sans vergogne. Je lui tourne autour, j’évalue son potentiel, je ne prends pas encore ses mensurations, mais je laisse tout de même mon imagination lui courir sur le corps. Je la fais parler aussi, parce qu’être sexy ne garantit pas l’aboutissement du projet. Alors, on ne s’emballe pas, la route est longue. J’attends que viennent d’autres idées que je note en vrac dans un carnet.

À ce stade, tout se passe dans ma tête, presque à mon insu. Si l’idée de départ est pérenne, elle va m’obséder et s’étoffer peu à peu de toutes les idées secondaires, lesquelles vont l’habiller et lui donner du corps. C’est là que je prends les mensurations et que le fantasme démarre. Parfois, l’idée sexy ne s’enrichit pas et se recroqueville dans un coin ou disparaît carrément. Ça veut dire qu’elle est mauvaise ou qu’elle n’est pas pour moi. On ne peut pas vivre avec tout le monde. Peut-être aussi que je ne suis pas prêt pour elle et qu’elle refera surface un jour…

– Le plan

Maintenant que les idées bouillonnent comme un torrent de montagne et que ton cerveau te fait l’effet d’une vessie près d’exploser, tu ressens l’envie pressante de vider tout ça sur du papier ou autre support. Si j’étais toi, je me retiendrais encore et j’établirais un plan. C’est ce que je fais.

Bien sûr, tu peux jeter ton canoë dans les eaux tumultueuses et te laisser emporter au gré de ton imagination débordante. C’est fun, facile et ça suit le cours naturel des choses. Que du plaisir. Du bio sans conservateur ni édulcorant. C’est la méthode des jardiniers (relire les articles de ce blog) ou des explorateurs, terme qui correspond mieux à la métaphore du canoë.

J’ai essayé, ça ne me convient pas. Si tu ne sais pas où tu vas, tu te retrouveras immanquablement à un endroit où le torrent s’élargit, cesse de bouillonner, perd sa vigueur, ralentit, ralentit, ralentit, ra…len… Et te voilà face à une grande étendue de platitude sur laquelle tu devras ramer, ramer, ramer. La page blanche s’installe et tu n’as qu’une alternative : soit apporter artificiellement du mouvement en faisant tirer ton canoë par un saumon altruiste (la méthode Tintin), soit retourner en amont du cours d’eau pour choisir une autre direction (et au passage virer à la flotte tout ce que tu as écrit entre ces deux points).

C’est pourquoi je préfère le plan.

Comment faire le plan ?

Je jette mes idées sur la table, je les place dans un certain ordre, je réfléchis, j’inverse, je manipule pour trouver le rythme, l’équilibre et la cohérence (pitié, pas de saumon magique !). Si un ralentissement se produit, si un trou dans la narration vient se remplir de vase dans laquelle je vais m’embourber, je le vois d’avance et je cherche la solution avant d’y poser le pied. Grâce à mon plan, je ne connais pas le syndrome de la page blanche.

Quand j’amorce un chapitre, je sais où il doit me mener et j’avance en regardant loin devant d’un œil, et autour de moi de l’autre. Mais attention, je ne veux pas d’un plan rigide et figé qui t’impose un chemin millimétré comme pour traverser un champ de mines. Cool-zen, c’est plutôt une suite de points de repère qui te guident dans ton voyage. Et entre deux points, c’est la liberté (on y reviendra). Parfois, tu pourras même déplacer ces repères au fil de l’écriture, car tu découvriras des panoramas insoupçonnés, de nouveaux points de vue qui te paraîtront plus intéressants.

L’opportuniste méthodique

Ni jardinier ni architecte, ni explorateur ni tour-operator, je suis un opportuniste méthodique.

Concrètement, je découpe mon roman en chapitres pour lesquels j’indique l’objectif et le rythme. Important, le rythme. Comme en musique, il faut varier, apporter des pauses, accélérer. Le plan donne une vue d’ensemble de la partition et je peux déplacer les chapitres pour gagner en vivacité. On repère aussi très vite les incohérences, notamment chronologiques, qui peuvent ridiculiser ton récit (avoue que ce serait ballot).

Tu remarqueras que je n’ai toujours rien écrit. Ça me démange grave, mais je résiste, car je veux me sentir en sécurité avant de me lancer. Imagine deux trapézistes : un sans filet et l’autre avec toutes les protections nécessaires. D’après toi, lequel va oser les trucs les plus fous ?

Pour le roman, c’est pareil. Le plan ne m’entrave pas, il me donne le courage d’essayer n’importe quoi. Alors maintenant, on y va !

– Le premier jet

Le plan est en place, le filet aussi, j’ai mon harnais et mon casque, je me jette (c’est un premier jet, non ?). C’est un peu lent au début, mais ça prend rapidement de la vitesse, de plus en plus de vitesse et le stylo court sur le papier.

Ah oui, je vous l’ai déjà dit : mon premier jet est sur papier. J’aime cette impression d’urgence, de liberté, de la pointe qui glisse comme un skieur sur une pente défoncée. Ça tourne entre les bosses, ça saute au-dessus des trous, ça se fait parfois surprendre, alors ça rebondit et ça retombe comme ça peut, avec les skis qui tremblent et se croisent. On verra plus tard pour le style. Ce qui compte, c’est le fun, les sensations, les émotions, la beauté du paysage, le froid qui fouette le museau et la chaleur qui dégouline dans le dos.

Pour moi, c’est ça le premier jet. Un plongeon dans l’inconnu presque sans pause. Je me fous du regard des autres, j’écris pour mon plaisir. Je ne ralentis pas pour chercher le bon mot, la bonne phrase. Il arrive souvent qu’elle vienne d’elle-même, séduite par cet état de grâce, telle une bande de joyeux pochtrons attirée par les lumières d’un bistro. Le but est d’éliminer toute censure pour aller trouver au fond de moi quelques petites choses que n’ont pas les autres. C’est le plan qui m’autorise ce lâcher-prise.

De temps en temps, je fais une pause pour récupérer mon souffle et observer la pente que je viens de dévaler. C’est le premier jet-bis.

– Le premier jet-bis

Tous les trois ou quatre chapitres, je m’interromps et je tape à l’ordi ce que j’ai vomi sur le papier. Deux objectifs : améliorer le style et vérifier que je ne m’égare pas, tant au niveau de la narration que de l’ambiance. Durant le premier jet, il peut sortir n’importe quoi et c’est bien de contrôler un peu.

Un autre avantage : je peux imprimer le texte et le faire lire pour recueillir les avis de ceux qu’on appelle alpha-lecteurs. Je n’y ai pas toujours recours, mais pour Martinomania, ils m’ont été bien utiles.

– Relecture et réécriture

Mon premier jet est terminé. À cet instant, il est urgent de ne rien faire. Je passe à autre chose pour oublier mon roman, me le sortir de la tête. Comme il m’a obsédé pendant des mois, ça peut prendre des semaines et des semaines, mais cette distance est nécessaire pour le relire avec un œil neuf, presque celui du lecteur lambda qui le découvrirait.

Et là, si j’ai assez attendu, ça ne rate pas. Exit la complaisance et l’amour-propre, je suis implacable, un vrai tyran. Tout ce qui cloche me saute à la figure : le cliché qui s’est glissé à mon insu, la facilité scénaristique, le dialogue artificiel, le chapitre inutile. Oui, tu as bien lu. Le chapitre ! Il peut arriver qu’un chapitre entier n’apporte rien au récit, alors je coupe. Sans états d’âme. Ces mots, ces phrases, ces paragraphes, ces pages sur lesquels j’ai sué, pleuré, bavé, il va falloir les éliminer. Tout ce travail pour rien !

Le travail bon à jeter

Non, pas pour rien. Sans ce travail bon à jeter, je ne serais jamais parvenu à ce qui vaut la peine d’être gardé. Le meilleur ami du lecteur, c’est la paire de ciseaux de l’auteur, pas son ego. On n’achète pas un bouquin pour s’emmerder pendant 400 pages, alors qu’on pourrait s’éclater avec 150 de moins. Bien sûr, c’est dur d’abandonner un paragraphe sur lequel on a bossé une demi-journée, mais je me force. J’essaie d’être objectif et d’évacuer l’affection que j’éprouve pour mes petits mots chéris (pour moi, en fait). J’avais parlé d’humilité, tu te souviens ? Eh bien, c’est maintenant et c’est buffet à volonté.

Se laisser surprendre

À d’autres moments, je suis surpris par une phrase que j’avais oubliée et que je trouve drôle ou bien tournée. Quand ça arrive, c’est cool. Ça restaure un peu l’amour-propre que je viens de malmener et ça me rend encore plus exigeant et intransigeant avec le reste.

Surtout, cette première relecture sert à confirmer que l’histoire tient la route, qu’elle est équilibrée, que les questions qu’on s’est posées ont toutes leur réponse, que les personnages et leur évolution sont cohérents, que les situations sont crédibles, bref qu’on ne prend pas le client pour une courge.

La bêta lectrice

C’est aussi le rôle de ma bêta-lectrice. Elle va lire ce premier jet et me faire part de son ressenti, me dire ce qu’elle a compris, ce qui reste obscur, ce qu’elle a deviné trop tôt (et qui tue le suspense). C’est mon cobaye. Sans elle, ça reviendrait à mettre en vente un vélo que personne n’aurait testé, ce qui serait une belle arnaque. Pour Carrefour des âmes, qui se compose de deux histoires enchevêtrées, elle m’a carrément affirmé que la deuxième n’avait aucun intérêt. Alors, j’ai réécrit entièrement cette partie (la moitié du texte, quand même, mon bébé, la chair de ma chair, le sang de mon sang !). Je n’ai gardé que l’idée générale. Malgré ce surplus de travail, malgré ce coup au moral et à l’ego, je suis heureux d’avoir recommencé, car elle avait raison : ce premier jet était mauvais.

2e jet

On arrive donc à la force du poignet à la fin du deuxième jet. Et là, rebelote, je reprends la phase de pause, suivie de la relecture. C’est cyclique, pas linéaire. Constamment, on repasse au même endroit pour améliorer à chaque fois et parvenir à une histoire solide. À titre indicatif, la dernière version de Martinomania est la neuvième. Neuf jets avant d’attaquer la correction !

Comment travaillent les auteurs ; le plan.
Photo by Suzy Hazelwood on Pexels.com

– La correction

Parenthèse. J’ignore si tu as fait le calcul, mais depuis le moment où j’ai commencé le plan, il s’est écoulé huit à neuf mois. Le temps d’une grossesse. C’est un processus très long (surtout chez moi), d’autant plus qu’il faut y ajouter la période de maturation qui précède, tu sais, celle où les idées s’accumulent et germent dans ma tête. Cette période de gestation s’étend de deux mois à un an, selon la complexité de l’idée de départ et la documentation nécessaire. Bref, on arrive à deux grossesses et on n’en est qu’à la correction. Je te rassure, certains parviennent à pondre un roman par trimestre et, si j’étais un peu discipliné, je serais plus rapide. Fin de parenthèse.

La correction, phase laborieuse et rébarbative… au premier abord.

Il s’agit de travailler sur le style et le rythme. Faut que ça chante ! Le mot, la sonorité, la ponctuation, tout y passe dans un seul but : faciliter la lecture et les émotions. En tant que musicien et homme de théâtre, je suis particulièrement attaché à la musicalité du texte. Je traque les phrases bancales ou trop longues, les répétitions disgracieuses, les adverbes et adjectifs inutiles. J’épure, je dégraisse pour ne garder que le goûtu et le juteux.

Autrefois, ce travail de fourmi me fatiguait. Plus maintenant.

Le premier jet, c’est la descente à fond la caisse, la débandade, le schuss désordonné, l’énergie et la vie.

La correction, c’est la beauté de la trajectoire.

Viser la simplicité

On essaie de préserver l’élan du premier jet et on le débarrasse des gestes parasites et des dérapages ridicules. L’idée est de viser la simplicité, l’économie, l’apparente facilité, celle de Steinbeck et de McCartney. Je m’évertue à effacer toute trace d’effort, tel l’assassin qui nettoie la scène du crime pour faire croire à un accident. C’est un travail de finition peu spectaculaire mais indispensable et, avec le temps, j’ai appris à aimer ce polissage laborieux qui correspond bien à mon obsession de la perfection (oui, je suis un peu maniaque). Le plus dur est de savoir quand s’arrêter !

Deuxième correction

On passe alors à la deuxième correction : l’orthographe. Là je reconnais que c’est pas rigolo. Heureusement, il existe des logiciels très performants qui repèrent tout ce qui ressemble à une faute. C’est quand même du boulot, car il est hors de question de laisser l’IA rectifier. Je ne m’en sers que comme un mouchard qui dénonce ce qui sort de la norme. En régime totalitaire, on s’en contenterait pour prononcer condamnations et exécutions, mais je ne suis pas un dictateur et j’analyse chaque situation douteuse, soit plus de 3000 pour Martinomania. C’est aussi chronophage que chiant et je peux te garantir que c’est la délivrance quand j’arrive au bout.

Comment travaille l'auteur Marc Andray
Comment travaille l’auteur Marc Andray

LA DÉLIVRANCE

Ça y est, mon roman est terminé.

Depuis l’idée de départ, il s’est écoulé 2 à 3 ans, voire 4.

Ça paraît long, mais une autre histoire a germé dans ma tête en même temps que les corrections s’effectuaient. Les différents projets se chevauchent et s’alimentent mutuellement. La période entre le premier jet et la relecture notamment est idéale pour commencer autre chose. Ça ne s’arrête jamais (malheureusement?)

Alors, toujours partant ?

bibliographie

Martinomania, tome 1. Indépendant, juin 2022
Martiniomania, tome2. Indépendant, Juillet 2022

Carrefour des âmes. Indépendant, avril 2023.

Martinimania, Tome 1, de Marc Andray
Martinimania, Tome 1, de Marc Andray
Carrefour des âmes, de Marc Andray
Carrefour des âmes, de Marc Andray
Martinomania, Tome2, de Marc Andray
Martinomania, Tome2, de Marc Andray

Pour conclure

J’ai déjà parlé du travail de Marc Andray dans l’article sur les trois auteurs autoédités à découvrir, je vous propose à présent de vous laisser emporter par cette plume ironique, cet univers à double tranchant, toujours, décalé, drôle et terrible. Bonne lecture.

N'hésitez pas à partager si vous avez aimé un article.

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Related Post