3 ateliers d’écriture de l’été

Voici 3 ateliers d’écriture de l’été. On trouve l’inspiration à tout moment. L’été se propose comme une occasion de détente ou d’exploration, de mise à nue, d’étonnement, de rencontre. Comment l’expérimentez-vous ? Si vous voulez écrire, mes chers passagers, vous allez puiser des idées dans votre environnement, votre manière d’aborder les événements.

Les consignes suivantes vous aident à chercher des éléments précis, à réveiller les sensations, mais aussi à inventer pour vivre encore plus fort. Elles complètent les ateliers de Noël ou de février.

Pour adultes, adolescents, enfants, mes propositions autour de l’été n’ont pas fini de vous plonger en vacances.

3 ateliers d'écriture de l'été.
AtPhoto by Bruno Scramgnon on Pexels.com

Atelier 1 : le goût de la pêche.

Ceci est le titre d’une de mes nouvelles. La pêche demeure pour moi le fruit de l’été, le symbole de mes vacances de l’enfance dans les Pyrénées Orientales. La pêche que nous allions directement cueillir dans les champs, en plein soleil, ou que l’on nous servait en salade. Puis ces cageots que les paysans amenaient à mes grands-parents, ou que nous achetions en passant le long d’une route, avec toujours deux ou trois fruits en plus posés sur le dessus. L’odeur des gens, de la terre, de la cagette, des fruits, la couleur, la chair, le jus sur mes joues ou sur mes doigts. La chaleur, ou l’atmosphère, les moustiques, ou les mouches, les herbes, ou l’ombre.

Ainsi, quand je plonge dans l’enfance, je vais chercher un symbole, des sensations (et j’explore tous les sens), des souvenirs que j’habille, parce que je n’ai pas si bonne mémoire que cela.

Consigne.

Trouvez ce fruit qui symbolise l’été (pêche, mûre, mirabelle, reine-claude…)

Puis plongez-vous dans cette atmosphère de votre enfance au moment où vous mangiez ce fruit, relevant dans quelles circonstances, avec qui, quelles sensations.

Dans un premier temps, vous pouvez lancer, comme je viens de le faire, une liste de ce qui accompagne ce fruit. En lui-même, cet inventaire sera déjà riche et vivant. Ensuite, vous pouvez broder, tisser une histoire, une scène, un tableau, vous immerger par tous les sens dans votre souvenir.

Inventaire : 10 minutes. Écriture : 30 minutes.

Consigne atelier d'écriture : le goût de la pêche.
Photo by MikeGz on Pexels.com

Mon texte

— Là, c’est le champ de Joseph.

Mon frère court en premier, suivi par la chienne qui jaillit dégoulinante du canal. Elle s’enthousiasme de jeux, de promenades à l’ombre fraîche du chemin.

Tous les deux sont pressés, alors que je traîne avec ma mère et ma grand-mère, engourdie par le bourdonnement de leurs bavardages. Sortis de notre point d’ombre, nous affrontons la chaleur de juillet, chaud gilet qui nous enserre encore à cette heure. Je pense à me baigner, mais pour l’instant, je savoure le jeu de rigole inventé par ma sueur, entre le dos et les aisselles, un peu sur le front, à peine. Dans le champ de Joseph, nous savons que nous pouvons cueillir une pêche. Privilège de paysan, et nous nous sentons puissants, riches, chanceux.

Nous cherchons les plus mûres, les plus rouges. La peau duveteuse cache la chair pleine et juteuse.

— Tiens.

Ma grand-mère me tend celle qu’elle a jugée assez bonne pour moi. Les cigales alentour semblent jouer un concert, uniforme, sans accros. La pêche est grosse, douce. Je ne veux pas croquer dans la peau, sous mes doigts le contact reste agréable, mais sous les dents c’est insupportable. Ma mère, entre deux ongles, attrape un morceau, arrache le vêtement du fruit, petit à petit. La petite boule d’or me revient entre les mains. Je lèche la chair, enhardie par l’odeur. Puis je grignote, espérant ne pas faire couler le jus collant sur mon menton. Je penche la tête, mais rien ne retient l’explosion de vie d’une pêche. Entre les dents, la langue, le palais. Bientôt, tous mes doigts pèguent, mon visage dégouline.

Ce n’est rien, un peu plus bas, la rivière passe. Nous y courons vite pour tremper ces morceaux de nous demeurés citadins. Tombé des montagnes, le Boulès nous gèle le corps, mais c’est tellement jouissif de contrer le soleil entre les ondulations liquides.

Atelier 2 : ambiance d’été

Nous n’habitons pas tous au même endroit, nous ne vivons pas l’été de la même manière. Moi qui suis du Languedoc j’imagine que la lumière et la chaleur du Pas-de-Calais s’offrent à l’été d’une nature bien différente. On peut encore une fois réaliser l’inventaire de ce qui surgit et compose toutes les semaines estivales, en extraire l’ambiance, la particularité. L’été de chacun peut être un voyage pour un autre, à partir du moment où vous saurez le partager.

Consigne

Racontez-moi l’été de votre région. Quels sont vos impressions, vos habitudes, vos repères ? Peut-être est-ce pour vous quelque chose de détestable ou de profondément plaisant. Imaginez une journée type, un moment clé, des sensations très fortes forgées à cette période. Elles seront certainement liées à la météo, aux activités, aux gens, peut-être, au corps, sûrement.

30 minutes.

Consigne atelier d'écriture : ambiance d'été.
Photo by Andre Moura on Pexels.com

Mon texte

Je pose un pied dehors, et tout de suite la chaleur m’attrape, m’entoure, me rend heureuse. Le pied n’a pas besoin de chaussure, la chair se contente d’un tissu. On tire quelques voiles pour réduire les agressions du soleil ; souvent, il faut fermer les volets, mais en dehors de ces inconvénients, je suis née pour l’été. Pour l’ouverture des fenêtres, de bon matin, avec cette impression de me laver dans le jardin, pour la conscience du temps qui passe, entre mes mains, mon corps, comme bon me semble, ou presque. Un peu de lecture, au moment du thé, dix minutes de puzzle, une heure de travail, la cuisine sans four, sans feu, le chien que l’on emmène sous les arbres, dans les chemins à proximité.

Et la quête de l’eau, presque chaque jour, pour y plonger mon corps.

J’enfourche mon vélo, après la sieste, et je pédale en opposition au vent. Partage d’ombre et de lumière au-dessus de ma tête, les cigales nous assiègent de manière invisible, mais nos oreilles s’en fatiguent. J’aime l’endroit particulier où je vais rouler deux minutes, juste après une montée, où j’aurai plus chaud encore, mais ce moment me cloue dans l’été immédiatement. Sur le bitume entre des villas cossues, les relents piquants des pins me chatouillent. Leur essence me parfume, m’embrase. Deux minutes, de sueur, d’odeur, d’effort, de plaisir.

Puis je traverse une route, en plein cagnard, comme on dit, accompagnée cette fois par les exhalaisons de figuiers, et j’arrive chez des amis mieux équipés que moi, dont la piscine octroie aux jardins de chênes et de pins un creux climatique.

Plonger. Se faire mordre par le froid, ressentir la chair de poule. Glisser comme on vole, torpiller vers le fond, se fondre au liquide, se renverser, tête en bas, ne faire surface que de temps en temps, pour respirer, par obligation.

Atelier 3 : vacances immobiles

Parfois, nous préférons rester chez nous. Par choix ou pas. Puisque lire et écrire sont une manière de vivre des expériences, tentez une aventure, un moment de vacances immobiles, quelque chose qui vous emmènerait loin de vos habitudes. Tout est possible, avec l’imagination, et rien ne nous empêche de lui donner un peu de substance.

Consigne

  • Chercher la destination : la route, le pays, le paysage, l’endroit.
  • Par quels chemins, quel véhicule. Train, pied, caravane, vélo, voiture, stop…
  • Quel temps : époque et météo. Combien de temps ?
  • Avec qui ? Pour rencontrer qui ?
  • Décrivez cet instant, ce moment de vacances, de manière à le vivre intensément et précisément. Allez chercher des détails. Des sensations, des péripéties. Vous pouvez vous renseigner sur Internet, ou tout inventer.

40 minutes.

Consigne atelier d'écriture : vacances immobiles.
Photo by KoolShooters on Pexels.com

Mon texte

Le chemin s’annonce chaotique, étroit, un peu de terre, bitumes, cailloux, on ne sait pas. Le camping-car avance lentement. Vieux, exigu, il n’a plus l’âge des longs voyages. Dans l’habitacle, une odeur de renfermé, ou de poussière, stagne, malgré l’ouverture des fenêtres tout au long du périple.

Visiblement, la route est peu fréquentée. Au loin, j’aperçois des montagnes bleues, des vallons verts, des tâches de toitures et de pierres. Quelques nuages s’agrippent au ciel, mais sans grande conviction. Je me gare sous quelques arbres rassemblés là en conciliabule depuis des centaines d’années. Avec quelques hésitations, je descends pour marcher, retrouver la terre ferme, les flaques d’herbes et d’obscurité.

Je repère aussitôt le bruit. C’est comme un chant, un claquement liquide sur les rochers. Une rivière, bien sûr. Je la traque, arpente quelques sentiers piquants, casse-gueule, et je le déniche. Il me faut la longer quelques minutes pour trouver l’oasis. L’endroit parfait. Une roche bien assez grande pour m’y poster, un trou assez profond pour s’y baigner, et l’impression parfaite d’être seule au monde. Nue. L’orteil teste la possibilité, hésite. Le pied, plus courageux, invite le corps à plus d’audace. Le ventre proteste, la poitrine s’insurge. Mais au-dessus, l’astre flamboyant me plonge la tête sous l’eau. Ma peau se délite dans le courant. Je suis poisson, je suis sirène, je suis enfant, ondine et esprit de l’eau.

De l’herbe se penche sur le courant, des libellules me prennent pour un perchoir. Je ne peux pas rester indéfiniment hors du monde. Je me hisse sur le rocher, sèche quelques minutes, guettant le moment où la fraîcheur taillera la route. J’enfile ma robe, mon chapeau, mes sandales et je remonte le sentier escarpé. J’ai repéré des framboises et m’arrête un instant pour remplir ma besace. Sur le chemin, j’observe quelques bruissements d’herbe, des habitants discrets qui me regardent passer. Dans le camping-car, je mange ma cueillette. Puis m’allonge songeant à reprendre la route. Sans pression, sans compromis, en roue libre. Dormir où bon me semble, stopper quand je le souhaite, pour piocher ici ou là un bon moment, les plus beaux paysages, les plus gros fruits.

Malheureusement, le temps de fermer les yeux et je m’endors déjà.

Pour conclure

Avec ces trois ateliers d’écriture de l’été, vous pourriez bien commencer à écrire un roman. En puisant dans ce qui existe, en inventant ce qui vous tente ou vous effraie. De mes souvenirs, je peux en tirer une histoire, une ambiance. Quand je m’endors, dans ce camping-car, qu’est-ce qu’il pourrait m’arriver ? En associant les techniques de relance, on peut rédiger une nouvelle, un récit, et en quelques semaines tenir quelque chose.

Alors, vous le tentez ?

En attendant, vous pouvez trouver l’inspiration dans des lectures. Voici des liens pour trouver de quoi lire :

  • Ma liste où les vacances d’été sont les héroïnes : ici
  • Babélio et ses lectures d’été légères mais pas tartes : ici
  • L’actualité et ses 5 romans au format poche : ici
  • Ma famille zen et ses romans pour ado : ici

N'hésitez pas à partager si vous avez aimé un article.

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