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Ateliers d’écriture : décrire un personnage

Le personnage en atelier d'écriture

Nouveaux ateliers d’écriture : décrire un personnage. Le sujet a déjà été abordé, mais à nouvelle année scolaire, nouveaux exercices. Les personnages sont capitaux dans une histoire. Vous pouvez décider de partager peu de caractéristiques ou au contraire une description très détaillée. C’est surtout la manière de l’amener en scène qui va faire la différence. Puis les attributs principaux, que ce soit une capacité psychique, morale, ou un élément reconnaissable de son physique. C’est parti pour tenter différentes approches en s’inspirant d’auteurs !

Atelier d'écriture : décrire un personnage.
License: CC0 Public Domain
Dawn Hudson

Une description de personnage à la Jean-Christophe Grangé

L’auteur de thriller aime bien donner des détails sur ses personnages, les présenter quand ils apparaissent. Ses descriptions sont savoureuses, jouant avec les images et les métaphores. Ses protagonistes émergent immédiatement dans notre esprit. Les physiques sont particuliers, les histoires émouvantes, le caractère singulier.

Exemples de personnages dans Le vol des cigognes :

Albin Michel, 1994

Atelier d'écriture : le personnage selon Jean-Christophe Grangé.

1

« Marcel Minaüs m’attendait. Je le reconnus aussitôt. Il m’avait dit : “Je porte la barbe et j’ai le crâne en pointe.” Mais Marcel était bien plus que cela. C’était une icône en marche. Très grand, massif, il se tenait comme un ours, voûté, les pieds en dedans et les bras ballants. Une véritable montagne, surmontée d’une tête de patriarche orthodoxe, à longue barbe et nez royal. Les yeux, à eux seuls, étaient un poème : verts légers, ourlés d’ombre, comme flambés par quelque vieille croyance balkanique. Et puis, telle une mitre, il y avait le crâne : totalement chauve et dressé vers le ciel comme une prière. »

2

« L’ornithologue, directeur de la Nature Protection Society, était un phénomène. Un de plus. Mais Yossé Lenfeld avait beau parler à tue-tête (sans doute pour couvrir le fracas des avions qui passaient au-dessus de nos têtes), user d’un anglais abrupt prononcé à une vitesse hallucinante, porter la kippa de travers et arborer des Ray-Ban de caïd, il ne m’impressionnait pas. Plus rien ne m’impressionnait. À mes yeux, ce petit homme aux cheveux gris, concentré sur ses idées comme un jongleur sur ses quilles, devait avant tout répondre à mes questions — je m’étais fait passer pour un journaliste. Point final. »

3

« Detler apparut. Il était accompagné par un curieux personnage, un petit homme à la mine chiffonnée, dont la moitié supérieure du visage était glacée par d’épaisses lunettes en cul de bouteille. Cette frêle silhouette était engloutie dans un pull de camionneur à fermeture à glissière et un lourd pantalon de velours côtelé. Le bouquet était ses chaussures : l’homme portait d’énormes chaussures de sport, aux semelles épaisses et hautes languettes. De véritables pompes de rappeur. Enfin, à la ceinture, enfoui dans les replis du pull, on discernait un pistolet automatique : un glock 17, modèle 9 millimètres parabellum — la copie conforme de Sarah. »

Consigne atelier d’écriture :

Pour commencer, prenez un de ces portraits comme modèle et décrivez votre personnage à l’inverse de celui que vous avez choisi. Nous présenterons tous notre conception de ce qui représente l’inverse, ce qui donnera un héros original malgré un point de départ commun.

Exemple :

Si je m’appuie sur le portrait numéro 1, celui de Marcel Minaüs :

Minie Celmart n’attendait personne. Jamais. Je la reconnus après quelques minutes. Elle m’avait dit : « j’ai le crâne rasé et le menton pointu ». Cela ne me suffit pas. Quand je la rencontrai enfin, je pus ajouter d’autres détails plus importants. C’est un être de légende. Lilliputienne, elle sautillait sur place, impatiente, danseuse elfique, les épaules droites, debout sur les pointes, les bras en mouvement. Une véritable rivière, le teint d’albâtre, la peau fine, le nez court. Les yeux jouaient au flipper sur les gens, frappant de-ci de-là, les iris sombres, ocellés d’or, comme troués par un feu intérieur. Et puis, sur ce crâne rasé, se dressait en un rouge incendiaire une crête, certainement déjà trop longue pour tenir droit.

Copier, calquer, s’inspirer, on apprend beaucoup des écrivains qui ont réussi à être publié, qui ont de l’expérience. Il ne faut pas hésiter à se servir de modèles, à tester des choses et voir ce qui nous correspond le mieux. C’est en faisant qu’on assimile.

Une description de personnage à la Franck Bouysse

Continuons avec un auteur talentueux et son roman Né d’aucune femme, Editions La manufacture de livres, 2019

L’auteur, dans Né d’aucune femme, introduit ses personnages entre l’action et le mystère. Les caractéristiques physiques comptent moins que ce qui a traversé leur vie, ou ce qui les anime. Et les personnages sont bien présents, habitent l’histoire avec intensité.

Extrait :

« Il s’avance dans le parc, pieds nus, bras légèrement décollés du corps, se tenant voûté, démarche faite d’hésitations ; progressant droit devant, comme un corridor tellement étroit qu’il lui est impossible de dévier d’une ligne imaginaire. Il n’a pas encore cinq ans, son anniversaire est dans sept jours. La date est soulignée dans un calendrier dans le grand salon.

Frêle silhouette réchauffée aux rayons d’un soleil qu’on lui a toujours interdit, “pour préserver ta peau” répète la vieille dame sans plus d’explications ; mais les interdits ne sont-ils pas faits pour être franchis, et même saccagés, piétinés, détruits, afin que d’autres apparaissent, encore plus infranchissables et surtout plus enviables ? »

Consigne atelier écriture :

Atelier d'écriture : le personnage selon Franck Bouysse.

Selon ce modèle, introduisez votre personnage. Il est en action, même si c’est de la lecture, une sieste, une contemplation. Son caractère doit transparaître par ce qui l’anime à ce moment clé de l’histoire où il apparaît.

Extrait :

« Je venais d’avoir quatorze ans. Je vivais à la ferme, avec mon père, ma mère et mes trois sœurs. Les Landes, ça s’appelait. D’ailleurs, ça doit bien toujours s’appeler pareil, étant donné que les endroits changent pas facilement de nom, même quand les gens s’en vont. On était quatre filles, nées à un an d’écart. J’étais l’aînée. Les filles valent pas grand-chose pour des paysans, en tout cas pas ce que des parents attendent pour faire marcher une ferme, vu qu’il faut des bras et entre les jambes de quoi donner son nom au temps qui passe, et moi et mes sœurs, on n’a jamais rien eu entre nos jambes. »

Consigne atelier écriture :

Cette fois, votre protagoniste va prendre la parole. À la première personne, et par son discours, montrez qui il est, sa condition sociale, son caractère, son humeur, ses espoirs ; ce qui va déterminer sans doute le cours de l’histoire, ou permettre à l’élément déclencheur de la faire basculer.

Une description de personnage à la Camille Cornu

Editions Jacques Flament, 2014

Enfin, pour finir, une autrice, Camille Cornu. Elle est autiste et met en scène dans F84.5 une héroïne autiste. Cela donne une description désordonnée, décalée, poétique, pleine de détails (sur les objets ou le physique). On entre dans une ambiance particulière et l’on perçoit un personnage de manière parcellaire, par des entrées diverses.

Incipit :

« (Nuit. Une personne court le long du boulevard de Clichy.) Depuis longtemps déjà c’est la fin, ses pas déferlent s’éraflant sur l’asphalte, fuite erratique précipitée, précipice d’un sourire blondeur facile mais incrustée et voix de nymphe (décor : à Paris il n’y a pas d’étoiles) le gouffre aveugle est trop profond, civière de souvenirs (image : il y a un grain de beauté sur sa tempe droite) refluant, fleurant son refus de (conséquence : je me souviens de tout chaque grain de sa peau ses cheveux sur sa nuque et ses chignons absurdes, le thé trop infusé et les rideaux cassés) : il n’y aura pas de retour à Calypso. »

Extrait :

Ecrire : le personnage selon Camille Cornu.

« Elle dit : c’est répondre sans cesse à ce genre de questions et à celles des médecins. Je n’ai aucun problème quand je suis seule je suis normale et si légère. Je ne sais pas je ne sais rien demandez aux médecins. Elle ose : moi je ne sais pas si je suis autiste. C’est eux qui le disent. Moi ça va. Moi c’est vous mon problème (…) Être autiste c’est être libre de cette substance. Et de tout. Ce n’est être enfermé en soi, c’est juste être soi. Aucun conditionnement social. Liberté mais pas enfermement. Au contraire. Ouverture au-delà de tout. C’est ce que je ressens moi. Parfois c’est un peu immense. Parfois je m’y noie. »

Consigne 1 :

En copiant le premier texte, imaginez un personnage, peut-être de votre connaissance, et plongez-le dans une action décalée, parsemez-le de quelques détails qui peuvent concerner un décor, pas seulement son physique.

Consigne 2 :

L’empathie est primordiale, pour les écrivains. Imaginez un personnage autiste, dyslexique, paranoïaque, aveugle, dépressif, amoureux, enfermé ou à la veille de sa mort… Devenez ce personnage, entrez dans sa tête, inventez la langue qui va avec sa singularité.

L’écriture est le miroir de l’âme, et montre par son rythme ou son décalage l’identité, le ressenti, la manière de penser d’une personne. Testez cet exercice, il est très puissant et intéressant à pratiquer.

Conclusion

Essayez régulièrement ces ateliers d’écriture sur les personnages. Testez d’autres auteurs, copiez souvent, inventez beaucoup, mettez au monde une multitude d’êtres vivants, avec une identité, une présence qui en elle-même est déjà un roman.

ET pour d’autres ateliers sur les personnages : ici, ici et ici (pour adolescents).

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4 thoughts on “Ateliers d’écriture : décrire un personnage”

  1. J’adore ça me donne envie de dessiner les personnages ! Il y a beaucoup de similitude dans la création de personnage en écriture avec la création de personnage en dessin.
    Je suis nulle en écriture mais vais tenter de faire les exercices, ça à l’air bien pour travailler l’imaginaire et réfléchir à tout les détails physique mais également tout ce qui concerne le personnage (personnalité, environnement ect…)
    Merci pour cet article !

  2. Merci pour ton article. Je vais te suivre moi qui aimerais savoir decrire des personnages, je suis tombee sur le bon blog. A bientot.

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